Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 45.djvu/484

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouvent en même temps intéressés à soutenir les cours. Ils ont d’énorme stocks de valeur à placer et les reportent à bon prix avec les capitaux déposés dans leurs caisses, auxquels ils ne paient qu’un intérêt minime de 1/2 à 1 pour 100, gagnant ainsi des doux mains et contribuant de toutes leurs forces a prolonger ce singulier phénomène de la hausse simultanée du prix de l’argent et de celui du papier.

En ce qui concerne nos 3 pour 100, la hausse avait été d’ailleurs fort habilement préparée par une vaste opération de report traitée à Londres pour une durée de plusieurs mois et portant sur un chiffre d’environ 100 millions de francs. Les consolidés, ont été mis aussitôt en marche, sur le bruit que M. Gladstone préparait une conversion en 2 1/2 pour 100. Ce bruit est prématuré, mais les consolidés sont arrivés à 102 et gagneront sans doute encore deux sur trois points. Notre 3 pour 100, qui est encore si loin du pair, a été porté du même coup à 86 et a entraîné avec lui l’amortissable. On sait que l’emprunt de 1 milliard est encore en entier dans les mains des banquiers. Il est clair qu’il ne passera dans celles du public qu’à un prix avantageux pour ses premiers détenteurs. La campagne ouverte depuis le 3 courant a surtout pour objet ce transfert de propriété.

A dire vrai, cette campagne, si vigoureusement conduite au début, s’est un moment arrêtée, et, pendant quelques jours, on a pu craindre qu’elle fût complètement enrayée. C’était sous l’influence des nouvelles extérieures : même à l’heure où nous écrivons, l’expédition de Tunisie touche à son dénoûment, et toutes complications diplomatiques semblent écartées. Rien ne s’oppose donc plus à un nouveau mouvement en avant, et la Bourse semble avoir repris toute sa confiance.

Les actions des institutions de crédit ont fait peu parler d’elles et leurs cours n’ont guère varié. Tout ne peut monter à la fois. C’était cette fois, nous venons de le dire, le tour des rentes, et c’était aussi le tour des titres de chemins de fer.

Les actions des chemins de fer français se sont élevées, en effet, depuis le 1er mai, aux plus hauts cours qu’elles aient jamais atteints. il faut bien reconnaître qu’il n’est point de placement plus sûr et présentant de plus solides chances de plus-value que les titres de quatre au moins de nos grandes compagnies. Les assemblées générales ont eu lieu, et les rapports font connaître les résultats complets de l’exercice 1880, résultats aussi brillans pour les actionnaires des compagnies qu’avantageux à l’état. Celui-ci profite singulièrement, en effet, de l’extension continue que prend le mouvement des transports. Une somme de 40 millions était inscrite au budget de 1880 pour les avances aux compagnies à titre de garantie d’intérêt. Or le système de la garantie n’a dû fonctionner que pour la seule société de l’Ouest, à qui l’état a prêté 14 millions pour l’année dernière. Par contre, trois compagnies