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comptent parmi les plus intéressantes du musée. Mais ici nous trouvons pour la première fois une lacune ; les quatre qui doivent suivre ne sont pas encore installées et par conséquent ouvertes au public. Elles achèveront de nous faire connaître les Gaulois. Une d’elles contiendra la reproduction de ces oppida, ou camps retranchés, dans lesquels la population se réfugiait en temps de guerre. On en connaît aujourd’hui un assez grand nombre. A Murcens, près de Cahors, au Mont-Beuvray, l’ancienne Bibracte, et ailleurs, on a mis à découvert les murailles qui leur servaient de défense. Ces murs se reconnaissent au mélange assez surprenant de poutres et de pierres, qui présentait cet avantage, nous dit César, « que la pierre les préservait du feu et le bois du bélier. » Il est facile de vérifier ce témoignage à Saint-Germain, devant la réduction fidèle des murailles de Murcens, qui nous les montre dans leur état actuel, et le plan restauré qui les remet dans leur état ancien. Quand on aura ainsi réuni quelques-uns de ces oppida et qu’ils seront placés les uns près des autres, on pourra, par la comparaison, se faire une idée de l’architecture militaire de nos aïeux. Elle n’était pas trop méprisable, puisqu’elle a souvent arrêté les légions de César. Une autre salle, qui est prête en partie, nous fera voir les sépultures gauloises. L’une d’elles est déjà placée : le Gaulois, un Gaulois immense, si l’on en juge par la longueur des ossemens, y repose dans sa tombe de pierre, avec ses ustensiles et ses armes. D’autres, qu’on prépare, les montreront sur leur char de bataille, comme on les trouve quelquefois, leur grande épée au côté, le casque et la couronne sur leur tête. Je suppose que l’effet qu’ils produiront sera presque aussi saisissant que celui qu’on éprouve à Copenhague, lorsqu’on visitant le musée des antiquités » du Nord, on aperçoit les guerriers de l’âge de pierre étendus dans leurs troncs d’arbres creusés. La couche de tourbe du Jutland, où on les avait enterrés, les a conservés intacts. On les revoit comme ils étaient, avec cette haute taille et ces membres vigoureux qui faisaient l’admiration et l’effroi des Romains. Leurs armes sont encore auprès d’eux, et des lambeaux de vêtemens recouvrent leur peau desséchée. Ces spectacles ne sont pas, comme on pourrait le croire, un simple amusement, un attrait pour les oisifs et les curieux. Ils rapprochent de nous cette antiquité qui nous échappe : par l’émotion même qu’ils font naître, ils nous aident à la mieux comprendre, et il semble qu’ils nous donnent une vision plus claire du passé.


III

Quand on entre dans la treizième salle, les regards sont tout de suite attirés par l’effigie d’un soldat romain reproduit exactement d’après