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LE CHRISTIANISME
CENT CINQUANTE ANS APRES JESUS[1]


I

Dans l’espace de temps qui s’est écoulé de la mort d’Auguste à la mort de Marc Aurèle, une religion nouvelle s’est produite dans le monde ; elle s’appelle le christianisme. L’essence de cette religion consiste à croire qu’une grande manifestation céleste s’est faite en la personne de Jésus de Nazareth, être divin qui, après une vie toute surnaturelle, a été mis à mort par les Juifs, ses compatriotes, et est ressuscité le troisième jour. Ainsi, vainqueur de la mort, il attend, à la droite de Dieu, son père, l’heure propice pour reparaître dans les nues, présider à la résurrection générale, dont la sienne n’a été que le prélude, et inaugurer, sur une terre purifiée, le royaume de Dieu, c’est-à-dire le règne des saints ressuscites. En attendant, la réunion des fidèles, l’église, représente une espèce de cité des saints actuellement vivans, toujours gouvernée par Jésus. Il était reçu, en effet, que Jésus avait délégué ses pouvoirs à des apôtres, lesquels établirent les évêques et toute la hiérarchie ecclésiastique. L’église renouvelle sa communion avec Jésus au moyen de la fraction du pain et du mystère de la coupe, rite établi par Jésus lui-même, et en vertu duquel Jésus devient momentanément, mais réellement, présent au milieu des siens. Comme consolation, dans

  1. Les pags qui suivent sont extraites d’un volume intitulé Marc Aurèle, qui paraîtra prochainement à la librairie Calmann Lévy, et qui clora la série des important travaux de M. Renan sur les Origines du christianisme