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UN MECENE ITALIEN
AU XVe SIECLE

LES LETTRES ET LES ARTS A ROME PENDANT LE REGNE DE SIXTE IV.

L’histoire de la renaissance à la cour de Rome n’a cessé, depuis près d’un siècle, de tenter les érudits. Italiens et étrangers, catholiques et protestans, amis et ennemis, Roscoe et Rio, M. Voigt et M. Burckhardt, M. de Reumont et M. Gregorovius, ont, avec une insistance particulière, cherché à résoudre un problème qui semble se renouveler d’âge en âge. Leurs efforts n’ont pas besoin de justification. Alors même que les noms de la plupart des savans ou des artistes appelés à Rome pendant le XVe et le XVIe siècle ne s’imposeraient pas à l’attention de l’historien, il se sentirait attiré par je ne sais quelle contradiction entre les aspirations intimes des papes qui les ont protégés et entre leur mission officielle. Dans leur généreuse imprévoyance, ces gardiens nés de l’orthodoxie ont, en poussant au culte de l’antiquité païenne, provoqué un conflit qui pouvait devenir bien dangereux pour leur cause ; fascinés par la beauté de la forme, ils n’ont pas voulu voir les irrégularités du fond. Les Nicolas V, les Sixte IV, les Léon X croyaient sincèrement fortifier l’église en enrôlant sous sa bannière les héritiers des Grecs et des Romains ; Ils ne se doutaient pas que c’était préparer de leurs propres mains la ruine de la tradition théologique du moyen âge. La glorieuse émancipation intellectuelle de la renaissance est en grande partie