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de la dette publique. Le meilleur emploi qu’on pût faire des excédens de recettes était donc de les consacrer à la réforme et à l’allégement des impôts. Personne ne pouvait contester que le premier impôt dont la suppression fût exigée par la justice et fût réclamée par l’opinion publique fût le droit qui enchérissait le prix du pain.

Le gouvernement eut gain de cause, et si nous avons insisté sur cette discussion, c’est à cause de la lumière qu’elle répandit sur la situation financière de l’Italie. Le ministre n’épargna aucun effort pour améliorer cette situation, et avant la fin de la session de 1880, il présenta encore et fit adopter divers projets de lois destinés à accroître ou à mieux assurer les recettes du trésor. Les cartes à jouer furent frappées d’une légère taxe ; les cas d’exemption furent révisés. Le corps des douaniers fut réorganisé et accru pour mettre obstacle aux progrès de la contrebande, que l’élévation des droits d’entrée sur les denrées coloniales et les spiritueux et l’augmentation du prix des tabacs avaient ranimée. Des mesures furent prises pour prévenir les fraudes auxquelles donnait lieu l’impôt sur les affaires et faciliter le recouvrement des amendes. Enfin, un projet de loi fut présenté pour la réorganisation de l’administration de la loterie. M. Magliani attendait des mesures qu’il proposait pour la répression des loteries clandestines un accroissement de recettes qu’il n’évaluait pas à moins de 2 millions. Notons en passant un fait singulier. Les primes acquises aux gagnans représentent ordinairement 58 pour 100 des mises et l’administration avait établi ses calculs sur cette base, dont l’expérience lui a fait reconnaître l’exactitude ; en 1880 la chance se montra particulièrement favorable aux joueurs la proportion des gains s’éleva jusqu’à 63 pour 100, et les paiemens excédèrent de 5 millions le chiffre prévu. Bien que la recette brute eût dépassé de 2,348,000 livres les prévisions budgétaires, il en résulta pour le trésor un mécompte final d’environ 3 millions.

Outre ce mécompte, le ministre des finances en éprouva un autre sur les tabacs, qui produisirent 2,360,000 livres de moins qu’il n’avait prévu, mais les autres sources de revenu donnèrent des plus-values considérables. Les recettes effectives dépassèrent les prévisions de 21,800,000 livres. L’excédent des recettes sur les dépenses que M. Magliani, en mai 1879, évaluait à 3 millions et demi, et qu’il avait calculé à 8 millions et demi en présentant le budget définitif, eût été de 46 millions et demi, si la chambre n’avait accordé aux ministres des crédits supplémentaires pour 23 millions, dont 10 millions au seul département de la guerre. L’excédent final des recettes sur les dépenses se trouva ainsi ramené à 24 millions. Pour faire mieux apprécier la marche progressive des recettes et des