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de ce genre, on doit reconnaître que toutes les raisons alléguées pour expliquer la baisse du 3 pour 100 se fondent pour ainsi dire dans une raison unique, la cherté du prix que les spéculateurs ont été obligés de payer pendant plusieurs mois pour conserver leurs positions.

La crise des reports est bien plus intense sur les valeurs que sur les rentes. Mais les acheteurs consentent à tous les sacrifices parce qu’ils retrouvent dans la plus-value des cours une compensation plus que suffisante. Que cet état de choses ne puisse se prolonger longtemps, le fait est de toute évidence. Mais il n’y a pas à craindre qu’il aboutisse à un cataclysme général. Les valeurs ont dans la haute banque de puissans appuis. Le jour où des retours en arrière paraîtront absolument nécessaires, ils s’effectueront sans trouble profond sur le marché, et les seules victimes seront les imprudens qui n’auront pas craint de considérer les cours actuels de certains titres comme pouvant servir de point de départ à de nouvelles razzias de bénéfices.

On espère généralement que l’argent se détendra un peu en janvier par suite de l’accroissement considérable de disponibilités qui se produit habituellement dans le premier mois de l’année. On ne saurait s’attendre toutefois à une modification bien sensible, pendant les trois mois qui vont suivre, du taux officiel du loyer de l’argent. On dit que la question de la réduction du taux de l’escompte à 4 pour 100, posée dans le dernier conseil de la Banque de France et résolue par la négative, sera de nouveau agitée dans les premières semaines de 1882. Ce qui est certain, c’est qu’à Londres les directeurs de la Banque d’Angleterre ne paraissent nullement disposés à diminuer le taux de l’es- compte avant la reconstitution de la réserve à son niveau normal.

Le 5 pour 100 a fléchi d’abord rapidement de 115 fr. 50 à 114 francs. Sur ce cours, une lutte très vive s’est engagée ; la position a été tour à tour perdue et reprise par les acheteurs; finalement, elle reste en leur possession ; les opérations de reports effectuées par anticipation ont fait coter des cours variant de fr. 70 à fr. 65. Le 3 pour 100 ancien et les deux amortissable.-; ont suivi le 5 pour 100 dans le mouvement de baisse.

Le dividende semestriel de la Banque de France a été déclaré le 26 courant. Quel les spéculateurs ont paru déçus de ne le voir fixé qu’au chiffre de 135 francs, et des réalisations ont fait fléchir l’action à 5,620 francs. La reprise ne s’est pas fait attendre. On a coté hier 5,800 francs. Les bénéfices continuent à dépasser 1 million de francs par semaine.

Les cours des actions des établissemens de crédit ont été très discutés. La Banque de Paris a été ramenée de 1,330 à 1,300 francs et n’a pu qu’avec peine se maintenir à ce dernier cours. Le Crédit foncier a fléchi de 1,820 à 1,760 francs, puis s’est relevé à 1,785 francs. L’Union générale avait dépassé, le 15 courant, le cours de 3,000 francs.