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enfant, qui, les bras levés au ciel, invoque l’assistance des dieux avant la lutte, est aujourd’hui encore une des perles du musée et justifie la prédilection qu’avait pour lui Frédéric et l’impatience qu’il manifesta de voir conclure ce marché. La figure, dont la silhouette générale exprime bien le mouvement de prière et d’aspiration, est d’un beau jet. Les formes, sans avoir cette gracilité extrême que nos sculpteurs modernes s’appliquent trop souvent à reproduire, montrent les délicates proportions et les fines attaches de la jeunesse, et il est intéressant de comparer la facture nerveuse de ce bronze où se retrouvent les meilleures qualités de l’art grec, avec celle d’un autre bronze représentant aussi un jeune enfant (n° 140 A) et qui a été trouvé en 1858 près de Xanten, dans un banc de sable du Rhin. L’exécution, ici, bien qu’appartenant à la bonne époque de l’art romain, n’a plus la même fleur de finesse; la fonte même est plus grossière et alourdit encore des contours déjà un peu épais.

Parmi les marbres il n’en est guère qui méritent d’être signalés. Notons cependant un Auguste (n° 873), acquis pour 26,000 francs à la vente de la galerie Pourtalès; une Joueuse d’osselets (n° 74) et surtout une Bacchante (n° 755 A), achetée en 1874 à Rome et provenant de fouilles faites dans le Palais des césars. La tête et les bras manquent à cette statue, qui rappelle d’une manière frappante une autre statue de Danseuse, de dimensions plus petites, qui se trouve à Paris au cabinet des médailles et dont, suivant une habitude que nous avons louée, le moulage a été placé tout à côté de l’œuvre de Berlin. Mais celle-ci nous paraît très supérieure; le mouvement en est plus élégant, plus accusé, et le travail y a plus de distinction. C’est une merveille de grâce que ce jeune corps qui pose à peine sur ses petits pieds et semble rebondir. Le torse, à demi renversé, se cambre en dessinant une ligne sinueuse d’une souplesse charmante, dont les draperies flottantes ou ajustées voilent ou précisent les contours.

La collection connue sous le nom d’Antiquarium et qui est exposée au second étage du nouveau musée comprend tous les petits objets dont l’étude peut éclairer l’histoire de l’art dans l’antiquité. Sans être encombrée, cette collection réunit un choix de types assez nombreux et assez distincts pour nous fournir sur les manifestations successives de l’art chez les anciens de précieuses indications. Nous retrouvons ici un nouvel exemple du caractère uniforme qu’offrent partout ses premiers essais dans des statuettes ou des vases provenant de Chypre ou d’autres îles de l’Archipel et présentant une analogie évidente avec ces ouvrages grossiers qui, de notre temps encore, se voient chez les peuplades les plus sauvages de l’Afrique ou de l’Océanie. Des imitations plus ou moins maladroites de plantes ou d’animaux empruntés à la flore et à la faune locales et des combinaisons