Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 49.djvu/620

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avoir fait de l’ancienne direction des beaux-arts un sous-secrétariat d’état, on vient de créer un ministère spécial des arts.


I.

Le ministère des arts, tel qu’il a été constitué par le décret du 14 novembre 1881, comprend tous les services qui formaient l’ancien sous-secrétariat des beaux-arts : les écoles des beaux-arts, les musées, les expositions, les manufactures de Sèvres, des Gobelins et de Beauvais, les commandes et les acquisitions, les monumens historiques, les théâtres. De plus, le nouveau ministère a dans ses attributions le service des bâtimens civils, dépendant jusqu’ici du ministère des travaux publics, le service des édifices diocésains, pris au ministère des cultes, le service de l’enseignement technique des arts et métiers, détaché du département de l’agriculture et du commerce, enfin la surveillance de l’enseignement du dessin dans les établissemens scolaires.

On ne saurait nier le nombre et l’importance des services du ministère des arts. On pourrait encore moins méconnaître sans injustice le sens pratique et l’esprit d’organisation dont témoigne le décret du 14 novembre, du moins dans la plupart de ses dispositifs. Presque tous les services que ce décret a rattachés au département des beaux-arts et qui y étaient absolument étrangers au point de vue administratif, auraient dû cependant en faire partie depuis longtemps. Les bâtimens civils dépendaient du ministère des travaux publics, en sorte que pour tous les musées nationaux, le Louvre, le Luxembourg, Versailles, le contenant appartenait aux travaux publics, le contenu aux beaux-arts. On s’imagine quelles difficultés de toutes sortes, quelles perpétuelles menaces de conflits, quelles chinoiseries administratives résultaient de ce dualisme. S’il y avait au Louvre une cheminée à ramoner, un carreau à remettre, il fallait s’adresser aux. travaux publics. Les conservateurs du musée voulaient-ils opérer quelque modification dans l’aménagement d’une salle on en ouvrir une nouvelle, l’avis conforme du ministère des travaux publics était nécessaire. A Versailles, les gardiens du château relevaient uniquement des travaux publics; quand on avait un tableau à déplacer, on devait faire venir des gardiens du Louvre. Faute d’un chauffage suffisant, les fresques du palais de Fontainebleau, ont été détériorées par l’humidité. L’administration des beaux-arts, dont l’autorité s’arrêtait au seuil des bâtimens civils, n’a pu qu’adresser des plaintes aux travaux publics. Les bâtimens civils ne comprenaient pas seulement les musées: il y a l’Institut, l’École des beaux-arts, le Panthéon, l’Elysée, Sèvres, les Gobelins, l’Arc-de-Triomphe, la colonne Vendôme, l’obélisque, les statues des squares et des places.