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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 janvier.

C’est donc décidé ! Le règne ministériel de M. Gambetta n’était pas une solution, il n’aura été qu’une expérience interrompue. La crise qui se préparait depuis quelques semaines, qui avait peut-être même commencé avec le cabinet du 14 novembre, cette crise a définitivement éclaté. Elle s’est resserrée et résumée au dernier moment dans une sorte de duel implacable entre le président du conseil et une opposition formée au camp républicain. Elle s’est brusquement dénouée enfin par un vote qui a emporté M. Gambetta sans laisser ses adversaires très victorieux. Le coup de théâtre s’est accompli dans la confusion, et avoir tout ce qui vient de se passer en quelques jours, en quelques heures, on pourrait certes reprendre ce qu’un homme d’esprit, récemment associé à la fortune de M. Gambetta, disait d’un ton goguenard à une autre époque, à la veille du 24 mai 1873 : « Gâchis ! double gâchis ! triple gâchis ! que voulez-vous qu’on dise autre chose ? Ouvrez le journal que vous voudrez, c’est le gâchis et un gâchis inextricable. » Les circonstances ont changé sans doute depuis 1873, les expériences de toute sorte n’ont pas manqué ; le « gâchis » est resté ; il s’est même singulièrement perfectionné ou développé avec le temps, et il est assez complet aujourd’hui pour qu’il ne soit pas facile à un ministère nouveau de reprendre position, de se frayer un chemin à travers toutes les incohérences de pouvoir et de parlement qui se sont dévoilées à la fois. Née de la confusion, la dernière crise ne laisse après elle que la