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L'HERITAGE DE DARIUS

II.[1]
LES MECONTENS.


I

Darius, on s’en souvient, vaincu aux champs d’Arbèles, s’était jeté dans les montagnes où le grand Zab, — le Lycus de l’antiquité ; — prend sa source[2] ; de là, il avait précipitamment gagné la Médie. La troupe qui l’accompagnait était peu nombreuse : elle se composait de cavaliers bactriens, de quelques Perses alliés à la famille royale et d’un certain nombre de soldats du train. Deux mille mercenaires étrangers, sous la conduite de Paron de Phocée et de Glaucus d’Etolie, le rejoignirent dans sa fuite. L’infortuné monarque avait admirablement choisi sa ligne de retraite. Il ne doutait pas qu’Alexandre ne prît la route de Suse et de Babylone ; de ce côté, une grande armée devait trouver des vivres et des facilités pour le transport de ses gros bagages, deux choses qui lui eussent manqué si elle se fût engagée sans préparatifs dans la région montagneuse ; de plus, elle s’assurait sur l’heure les fruits les plus importans de sa victoire. Le calcul de Darius ne le trompait point : ce fut bien, en effet, vers Babylone et Suse qu’Alexandre se dirigea. De Suse, le roi de Macédoine ne craignit pas de prendre à travers les terrains les plus scabreux le chemin de Persépolis. Ne laissons pas le récit de ce grand mouvement excentrique suspendre la marche d’un drame qui

  1. Voyez, dans la Revue du 1er février 1882, les Conquêtes légitimes et la Guerre de montagne.
  2. Voyez, dans la Revue du 1er février 1881, la Bataille d’Arbèles.