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VAN DYCK

I. Antoine Van Dyck, sa vie et son œuvre, par M. Jules Guiffrey ; Paris, 1882 ; Quantln — II. Van Dyck et ses Élèves, par M. Alfred Michiels ; Paris, 1882 ; Londres.


I

La voix forte des génies puissans n’est pas toujours celle qui retentit le mieux dans la mémoire des hommes ; la voix pénétrante des génies aimables y prolonge souvent de plus durables échos. Les peintres de main hardie et de haute imagination ne manquent pas en Europe au début du XVIIe siècle. En Italie, la réforme des Carraches avait suscité toute une génération de praticiens vigoureux, de compositeurs savans, d’éclatans décorateurs dont les œuvres auraient droit encore à l’admiration si le terrible voisinage de leurs incomparables prédécesseurs du XVe et du XVIe siècle ne les dérobait fatalement à notre pensée. Dans les Flandres, autour de ce prodigieux Rubens, qui, réunissant en lui toutes les ardeurs de la poésie italienne à toutes les énergies du labeur flamand, avait fait éclater sur l’agonie sanglante du XVIe siècle la splendeur inattendue d’une renaissance nouvelle, travaillait tout un groupe d’artistes passionnés, dont la fécondité habile rappelait, sous un autre ciel, les grands jours de Florence et de Venise. Cependant aucun de ces ouvriers infatigables, aucun de ces maîtres supérieure, ni Dominiquin, ni Pietro da Cortona, ni Ribera, ni Poussin dans le Midi, ni Gaspard de Crayer, ni Jordaens, ni Franz Hals dans le Nord, n’obtint, durant ses longs travaux, des applaudissemens pareils à ceux qui accompagnèrent la courte vie de Van Dyck ; aucun ne conserva, après sa mort, ni des admirations si universelles ni de si fidèles sympathies.

Ce n’est pas seulement en Belgique que, depuis deux siècles,