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sédimentaire la quantité d’alluvion nécessaire pour en régénérer le sol végétal.

L’installation et la mise en jeu d’un torrent artificiel doivent comprendre quatre opérations distinctes : l’alimentation régulière du torrent, la désagrégation des matières minérales devant constituer l’alluvion, le transport du limon végétal, son répandage à la surface du sol à fertiliser.

Il ne s’agit point ici d’une irrigation ordinaire qui n’a d’utilité qu’en été et en temps de sécheresse. L’opération que nous avons en vue peut se faire en tout temps, supporter des chômages plus ou moins longs, sans autre inconvénient que celui d’un ralentissement de travail utile. On trouvera toujours, sans nuire à aucun intérêt existant, les quantités d’eau nécessaires si l’on veut se borner à les dériver seulement aux époques de surabondance. Les régions de montagne sont en général sujettes à des pluies fréquentes. Les cours d’eau qui les sillonnent ont alors un débit considérable, suffisant pour alimenter pendant plusieurs mois consécutifs des dérivations qui seront amenées à peu de frais sur les massifs sédimentaires les plus élevés étages sur les flancs de la chaîne principale.

Ces dérivations fourniront la force motrice nécessaire aux divers effets mécaniques, de désagrégation, de transport et de répandage.

Les matières minérales à employer seront choisies de préférence parmi les couches d’argile et de marne déjà meubles et à demi désagrégées. Leur éboulement pourra être obtenu de plusieurs manières. Il y a quinze ans, j’avais indiqué comme devant donner des résultats avantageux, confirmés par l’expérience pratique, la méthode d’abatage au jet d’eau employée dans des circonstances analogues par les mineurs américains pour soumettre au lavage les terrains aurifères de la Californie. Plus récemment de nouvelles études m’ont amené à proposer de préférence un procédé différent, celui des galeries d’effondrement, sur lequel je donnerai plus loin quelques détails qui, en même temps qu’il assure la désagrégation prompte et facile des terrains meubles, permet de donner à la fouille produite telle forme qu’on peut désirer, notamment celle d’un bassin fermé, pouvant être transformé, sans nouveaux frais, en réservoir d’approvisionnement d’une solidité à toute épreuve; résolvant du même coup le problème de l’aménagement et de la régularisation de nos cours d’eau et celui des alluvions artificielles.

Les matières minérales disloquées, désagrégées par l’un ou par l’autre de ces procédés, c’est encore à l’action mécanique des eaux courantes qu’on aura recours pour les triturer, les broyer, les amener à l’état de division et de mélange nécessaire à la production de bonnes terres végétales. A cet effet, tous les débris d’éboulement