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dernières années. Il eut dans chacune de ces positions l’occasion de parcourir la colonie dans toutes les directions et de recueillir sur la géographie physique de celle-ci les renseignemens les plus précieux. M. Brown, en partant pour le Cap, ne connaissait pas les travaux qui avaient eu pour objet de constater en Europe l’influence des forêts sur le climat, sur l’abondance des pluies et sur le régime des eaux ; il n’avait entendu parler ni de l’ouvrage de M. Surell sur les torrens des Alpes, ni de celui de M. Mathieu sur la météorologie forestière, ni de ceux de MM. Domontzey, Costa de Bastelica et tant d’autres sur les reboisemens ; et cependant, en étudiant personnellement et sans parti-pris les conditions climatologiques de l’Afrique australe, il arriva à reconnaître que les perturbations survenues dans le régime des eaux depuis la période historique devaient en grande partie être attribuées au déboisement et à se rencontrer sur ce point avec les savans dont nous venons de citer les noms. Nous avons pensé qu’il n’était pas sans intérêt d’exposer, d’après M. Brown, aux lecteurs de la Revue un ensemble de phénomènes qui, pour se manifester sur un point déterminé, n’en sont pas moins dus à des causes générales dont les effets peuvent se faire sentir partout où l’on sera en présence des mêmes conditions.


I

On attribue généralement la découverte du cap de Bonne-Espérance au navigateur portugais Barthélémy Diaz, qui lui donna le nom de cap des Tempêtes ; mais, d’après Hérodote, les Phéniciens avaient déjà effectué le périple de l’Afrique six cents ans avant l’ère chrétienne. Quatorze siècles plus tard, c’est-à-dire vers l’an 800, la côte orientale de l’Afrique était connue des Arabes jusqu’à la baie de Lagoa, située au 28° degré de latitude sud. En 1480, un Portugais venant d’Abyssinie, nommé Pierre Cavalliao, visita Sofala sur la côte de Mozambique, et, en 1484, un autre Portugais, Diego Cam, s’avança jusqu’au cap Padrone, au 22e degré sur la côte occidentale. En 1486, Barthélémy Diaz planta la croix sur la Sierra Parda, au 24° degré, poussa jusqu’à la baie d’Algoa en doublant le cap de Bonne-Espérance sans le voir, et ne le découvrit qu’à son retour. Vasco de Gama, qui vint ensuite, eut à lutter non-seulement contre les tempêtes qui l’assaillirent, mais aussi contre la révolte de son équipage ; il parvint néanmoins à. doubler le cap en 1497, découvrit le Natal, et remonta la côte orientale jusqu’en Mozambique.

A la suite de plusieurs autres expéditions, les Portugais, aussi bien que d’autres nations européennes, fondèrent sur divers points des établissemens plus ou moins éphémères ; mais ce ne fut qu’en