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progrès qui ont été réalisés. En 1856, il y avait, dans l’Oued-Rir, 282 puits artésiens arabes. En 1880, il y avait 434 puits artésiens arabes et 59 puits artésiens français. Les puits artésiens de 1856 donnaient 250 hectolitres d’eau à la minute, tandis que la totalité des puits artésiens de 1880 donnait 1,776 hectolitres à la minute.

En même temps que l’eau, on voit se développer des plantations de palmiers. En 1856, il y avait 360,000 palmiers dans l’Oued-Rir : il y en avait 518,000 en 1880. Encore faut-il faire remarquer qu’aujourd’hui, dans beaucoup d’oasis, les plantations de palmiers sont toutes récentes, de sorte qu’elles n’entrent pas dans le calcul. On peut prévoir pour les années qui suivront une augmentation beaucoup plus considérable que celle que nous indiquons ici.

Comme la moyenne de la production annuelle d’un dattier est d’environ 15 kilogrammes de dattes, on voit que le fait de la création des puits artésiens a porté la production annuelle des dattes de l’Oued-Rir de 5,400,000 kilogrammes en 1856 à près de 8 millions de kilogrammes en 1880. Il est probable que les années qui vont suivre, moins sèches que les années 1880 et 1881, seront plus prospères encore, et tout fait espérer que, dans quelques années, la production annuelle sera le double de ce qu’elle était il y a un quart de siècle.


Les Français n’ont pas seulement apporté dans le Sahara ces bienfaits de l’industrie : ils ont amené la pacification de ces régions déchirées, il y a quelques années à peine, par des guerres civiles incessantes. Aussi la population, grâce à la paix qui n’a cessé de régner depuis 1834, a-t-elle augmenté dans des proportions considérables. Elle a presque doublé, puisqu’elle s’est élevée de 6,572 habitans en 1856 à 12,827 habitans en 1880.

Ce chiffre étonnera sans doute ceux qui s’imaginent que le Sahara est privé d’habitans. En réalité, il y a dans le Sahara des villes et des villages, villes et villages qui ne sont autres que les oasis. Malgré la rigueur du climat pendant l’été, l’homme vit très bien dans le Sahara, ainsi que le prouve l’existence des grands villages de cette région de l’Afrique.

Celui qui serait désireux de connaître le caractère de cette partie de l’Algérie, aussi intéressante que peu connue, doit assurément se hâter de faire ce facile voyage, car dans peu d’années il y aura une véritable transformation de l’Oued-Rir et des régions voisines. La grandiose conception du chemin de fer transsaharien ne sera peut-être pas exécutée avant bien longtemps, mais bientôt l’Oued-Rir sera traversé par une voie ferrée. Il est douteux que les hommes de notre génération puissent voir un chemin de fer aller de la Méditerranée au Niger ; mais il est certain qu’ils pourront bientôt aller de la Méditerranée à