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à l’occasion du traité de commerce signé avec la France. Ces négociations commerciales qui traînent depuis des années entre les gouvernemens ne sont pas décidément heureuses. Elles ont été dix fois suspendues ou reprises sans arriver à un dénoûment avec l’Angleterre. Ce n’est pas sans peine que le traité de commerce franco-italien vient d’être approuvé à Rome. A Madrid, une convention du même genre a passionné pendant quelques jours les cortès et a suscité une certaine agitation dans les régions industrielles de la Catalogne. A La Haye, le cabinet n’a pu obtenir des chambres l’approbation d’un traité qui n’était lui-même qu’une seconde édition après l’insuccès d’un premier projet. A la vérité, le traité de commerce avec la France n’a été peut-être que le prétexte ou l’occasion d’une crise qui, sans être absolument prévue, était cependant toujours possible dans une situation parlementaire affaiblie par les divisions ou la confusion des partis. La Hollande en cela ressemble à plus d’un pays de l’Europe aujourd’hui.

Le roi et la reine étaient allés récemment en Angleterre pour assister au mariage d’un fils de la reine Victoria, du duc d’Albany, avec une princesse de Waldeck, sœur de la jeune souveraine néerlandaise ; ils ont trouvé à leur retour les affaires ministérielles assez embrouillées, prés de se gâter tout à fait. Ce cabinet qui vient de tomber à La Haye était depuis trois ans au pouvoir où il représentait une politique de libéralisme modéré. Le danger pour lui n’est jamais venu précisément de l’opposition, qui n’est qu’une coalition d’opinions différentes, d’ultra-protestans, de protectionnistes ; sa faiblesse n’a cessé d’être dans sa propre majorité toujours peu forte ou peu sûre, par suite des divisions des libéraux hollandais dans le parlement comme hors du parlement. L’existence de ce cabinet, présidé par M. le baron Van Lynden, n’a pas laissé d’être laborieuse. Déjà, l’an dernier, le ministre des finances, qui était un savant homme, M. Vissering, se voyait obligé de donner sa démission pour n’avoir pas pu faire accepter par les chambres un impôt sur la rente destiné à couvrir des déficits du budget ou à suffire à des dépenses de grands travaux. Depuis, le ministre de l’intérieur, M. Six, s’est vu harcelé à son tour, et, soit impatience, soit fatigue de santé, il s’est retiré, il n’y a pas longtemps. Plus récemment, c’est le ministre des colonies, le baron Van Golstein, qui a eu à soutenir toute sorte de luttes aussi vives que confuses, tantôt à propos de la substitution du régime civil au régime militaire à Atchin, tantôt au sujet d’une question de propriété agraire qui est depuis longtemps pendante à Java, qui a été l’objet d’une multitude d’enquêtes et de contre-enquêtes. Il n’y a que quelques semaines, une commission de la seconde chambre, pour trancher la question, a proposé sur cette affaire de Java une motion que le ministre des colonies n’a pas voulu accepter, dans laquelle il a cru voir un blâme, et M. le