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netteté d’une découpure, la silhouette du Mexicain. Mais ceci a l’inconvénient de distraire les regards du personnage principal pour les attirer sur cette espèce d’ombre chinoise. De plus, cet effet de lumière, si bien rendu qu’il soit, est un pur amusement de peintre, puisqu’il ne donne pas le relief aux figures et ne marqué pas leur plan. En effet, bien que lourdes, massives et modelées comme avec une truelle, les figures manquent de relief, ne tournent pas et paraissent toutes les quatre occuper le même plan. Enfin, ce jour ardent du plein soleil est-il bien dans la vérité historique ? Nous avons lu que ce fut à six heures du matin, par un temps couvert, que les troupes vinrent prendre Maximilien et les généraux Miramon et Meija pour les conduire au lieu de l’exécution. Il paraît aussi que la cellule occupée par l’empereur ne s’ouvrait pas directement sur le cloître ; située au premier étage, cette cellule donnait sur un corridor intérieur. Par conséquent, cette irruption de lumière est singulièrement exagérée. Quand on cherche l’effet par les petits détails, on appelle la critique sur les détails.

Le bas-empire et le moyen âge sont représentés par deux immenses toiles qui iront sans doute encombrer les musées de province, au grand ennui des conservateurs. Dans l’une, M. Wencker montre saint Jean Chrysostome prêchant contre l’impératrice Eudoxie. Étrange tableau qui, par l’ordonnance de la composition et le groupement des colorations, dans un parti-pris de grandes masses distinctes, se présente à la vue comme quatre tableaux différens. Au premier plan, une rangée de peuple avec des costumes où dominent les bruns, les noirs et les bleus foncés ; au second plan, une rangée de sénateurs, uniformément vêtus de rouge ; à droite, en chaire, Chrysostome, portant le froc blanc ; tout au fond, à gauche, dans une tribune élevée, l’impératrice et les dames de sa cour, habillées de couleurs claires, de pourpre, de rose, de vert d’eau, de lilas. Cette composition sans lien forme, comme on voit, un tableau à compartimens. On ne peut guère louer dans tout cela que la jolie tête courroucée de l’impératrice ; — encore est-elle si loin qu’il faut une lorgnette pour la distinguer. Pierre le Justicier contraignant les seigneurs de sa cour à baiser la main du cadavre d’Inès de Castro, morte depuis deux ans, tel est l’agréable sujet que M. Layraud a déterré, c’est le cas de le dire, dans les vieilles chroniques de Portugal. La composition s’étend en largeur. Un troupeau de courtisans, maintenus par des hallebardiers et tremblant de peur, remplit la partie droite. Au centre sont rangés : 1° don Pedro, l’épée à la main. ; 2° le cadavre d’Inès revêtu du manteau royal ; 3° un moine debout, les bras sur la poitrine et la cagoule rabattue. Ces trois figures, placées exactement sur le même plan et à égale distance l’une de l’autre, ont l’aspect symétrique, mais