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particuliers, les autres à l’état, aux départemens ou aux communes. Les premiers seraient supprimés par simple mesure de police, comme étant ouverts sans autorisation. Ainsi disparaîtrait « ce culte des chapelles, célébré sans aucun contrôle des pouvoirs publics, sous l’autorité de congrégations non autorisées ou de toutes autres individualités irresponsables. » Quant aux autres locaux « consacrés la plupart à des établissemens auxquels aucune subvention n’est due, tels que les grands et les petits séminaires, les congrégations, les maîtrises, etc., » le conseil d’état serait appelé à se prononcer sur leur sort et pourrait en prononcer la désaffectation partielle ou totale.

Viennent enfin, dans le projet de M. Paul Bert, une série de dispositions relatives aux conseils de fabrique et aux dons et legs. La législation des conseils de fabrique soulevait, depuis quelque temps, paraît-il, des scrupules de conscience. Les libres penseurs trouvaient injuste que la commune fût tenue de suppléer à l’insuffisance des ressources de la fabrique, non-seulement pour le logement du curé ou du desservant, mais encore pour les menus frais du culte. Désormais les communes seraient dispensées de cette obligation ; elles devraient toujours le logement ou l’indemnité qui en tient lieu, mais rien de plus. En même temps, elles rentreraient en possession du service extérieur des pompes funèbres, et, naturellement, du produit de cette partie des enterremens. Le service à l’église resterait seul dans les attributions des fabriques, toujours pour ne pas froisser les libres penseurs.

Telles sont, aux termes du projet de M. Paul Bert, les principales reprises que l’état aurait à exercer en matière de police des cultes. Mais là ne se borne pas l’ambition de cet infatigable législateur. M. Bert n’a passé que six semaines aux affaires, et dans ces six semaines il a touché à plus de choses, rédigé plus de circulaires, écrit plus de lettres, nommé plus de commissions, élaboré plus de projets de lois, révoqué plus d’agens que tous ses prédécesseurs ensemble depuis 1870. Redevenu simple député, il n’a pas voulu, naturellement, perdre le fruit d’une activité si féconde, et voilà comment, au lieu d’une seule proposition, nous nous trouvons en présence d’un véritable solde de projets émanés de sa seule initiative et signés de son seul nom.

«… Moi, — moi, dis-je, et c’est assez ! » Voici d’abord le numéro 2 tendant à la suppression des facultés de théologie. M. Paul Bert estime, — et nous ne sommes pas ici très loin de penser comme lui, — que ces facultés ne rendent pas des services en rapport avec la dépense dont elles grèvent le trésor. En effet, depuis nombre d’années, elles ne délivrent plus, même à Paris, qu’un nombre insignifiant de grades, et ne comptent qu’un chiffre très restreint d’auditeurs. De plus, elles sont dans une situation assez équivoque,