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santé personnelle courait des dangers. Une atmosphère infecte, chargée d’exhalaisons meurtrières, les enveloppait. Coûte que coûte, il fallait purifier la rivière, empêcher que les égouts y aboutissent dans l’intérieur de Londres. Des canaux souterrains qui recueilleraient tout le sewage de la métropole et le porteraient vers la mer, au-dessous de Londres, furent déclarés indispensables. Il s’agissait de constituer une autorité métropolitaine qui exécutât ce programme. Voilà comment est né le Metropolitan Board of works ; il doit son origine à une nécessité hygiénique.

Nous avons fait allusion plus haut au chaos administratif qui régnait à Londres, en dehors de la cité. Londres seul n’avait pas été appelé à profiter des bienfaits de la réforme municipale. Le besoin s’en faisait sentir bien vivement. En juin 1853, une commission royale, composée de M. Labouchère, de sir John Patteson et de M. Cornewall Lewis, fut chargée de faire une enquête sur la corporation de Londres ; elle était munie de pouvoirs aussi étendus que ceux attribués à la commission de 1883. Les commissaires avaient le droit de faire déposer sous la foi du serment, de requérir tous les documens qu’ils désireraient, etc. Leur rapport fut dûment présenté aux deux chambres.

Les commissaires y constatent qu’aucune réforme systématique n’a été entreprise depuis la publication du rapport de la commission de 1833. Celle-ci s’était prononcée en faveur d’une seule autorité municipale pour l’ensemble de Londres ; mais, se bornant à cette suggestion, elle n’indiquait pas comment il fallait procéder. En 1854, on préconisait un autre système. L’importance du changement, l’absence d’intérêts communs entre les extrémités de la capitale, le défaut de connaissances locales, la difficulté d’administrer une si vaste machine, parurent autant d’objections contre une corporation municipale unique. La réforme municipale avait eu les plus heureux effets en Angleterre, les commissaires le reconnaissaient ; ils proposaient de l’appliquer à Londres, mais d’une manière particulière. On ne toucherait pas à la cité, on en détacherait toutefois le bourg de Southwark, on diviserait le reste de la capitale en districts municipaux distincts, identiques comme nombre et étendue avec les bourgs parlementaires. Chaque district aurait son propre conseil local, et au-dessus de ces conseils, on créerait un Metropolitan Board of works, composé d’un nombre limité de membres, députés par le conseil, de chaque bourg municipal, y compris la cité. Ce Metropolitan Board contrôlerait l’exécution des travaux publics d’un intérêt général. Les commissaires recommandaient de remettre au Board la gestion du produit total de la taxe sur les charbons, y compris le droit de 4 deniers que la cité réclamait spécialement