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REVUE LITTÉRAIRE

PUBLICATIONS RÉCENTES SUR LE XVIIIe SIÈCLE.

Il y a bien des raisons de l’intérêt, toujours très vif, qu1 excite et que continuera, selon toute vraisemblance, d’exciter longtemps encore chaque publication nouvelle sur les hommes ou sur les choses du XVIIIe siècle. En voici la meilleure, celle du moins qui dispense de la longue énumération des autres. C’est qu’en réalité nous ne connaissons ni ces choses, — dont nous parlons d’ailleurs si couramment, avec l’élégante facilité que communique l’ignorance, ni ces hommes, — dont les noms nous sont si familiers depuis le collège et, pour ce motif même peut-être, la physionomie réduite à quelques traits si généraux, si vagues, si confus. Étions-nous trop près du XVIIIe siècle, il y a quelque cinquante ans, pour en pouvoir juger ? ou bien les moyens d’information nous faisaient-ils défaut ? L’un et l’autre sans doute ; mais surtout, comme on l’a dit, — et comme il y a lieu d’espérer qu’on le verra désormais de jour en jour plus clairement, — nous avions accepté sur le XVIIIe siècle, avec une docilité d’esprit véritablement singulière, les opinions toutes faites des gens du XVIIIe siècle, qui sont pourtant bien quelques-uns des plus insignes menteurs que l’on sache, à commencer par Voltaire, et sans excepter le royal auteur lui-même de l’Histoire de mon temps.

Est-il besoin de montrer ce que de semblables opinions pouvaient être ? « Il faut être si fort en garde contre soi-même pour raconter