Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 52.djvu/949

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

préfaces, notes et tables, et la collection des Petits Conteurs du XVIIIe siècle, dont M. Octave Uzanne dirige la publication : nous aurons plus tôt ou plus tard occasion d’y revenir ; la première a son importance et la seconde son intérêt. Mais il est quelques livres dont nous dirons au moins quatre mots. Tel est le livre de M. Emile Campardon : les Prodigalités d’un fermier-général[1], où les curieux trouveront l’histoire de ce manuscrit des Mémoires, dont les auteurs de la Jeunesse de Mme d’Épinay ont tiré si bon parti ; les impatiens, quelques détails peu connus sur les dernières années de l’amie de Grimm et de Francueil ; et les ramasseurs de coquilles, deux procès-verbaux authentiques des vivacités de geste et des libertés de langue de « demoiselle Anne-Antoinette Champion, épouse de M. Denis Diderot, bourgeois de Paris et éditeur de l’Encyclopédie. » La pièce où Diderot est désigné sous ce titre, qu’il n’est peut-être pas inutile de remarquer, est datée de l’année 1768. Signalons encore l’ouvrage de M. Emile Bos sur les Avocats au conseil du roi[2]. Si le XVIIIe siècle ne le remplit pas tout entier, du moins y occupe-t-il la plus large place. Les biographes de Voltaire, de Beaumarchais, de Mirabeau pourront y trouver de nombreux renseignemens, comme on les aime aujourd’hui, sur les affaires de ces trois hommes éminemment processifs. Mais ceux-là surtout l’apprécieront, qui savent si les documens uniquement littéraires sont vagues et la difficulté qu’il y a d’arriver à la précision toutes les fois qu’une question d’ancien droit ou de procédure administrative se trouve engagée dans une question historique. Un autre livre enfin très important et dont nous reparlerons quand un second volume l’aura complété, c’est la Bibliographie de Voltaire[3], de M. George Bengesco. On n’en finira jamais avec Voltaire, et quand on en aura tout dit, il en restera toujours quelque chose à dire.

« On vient trop tard, après tant de critiques et d’érudits, pour parler des grands noms littéraires du XVIIIe siècle, » lisions-nous pourtant à la première page d’un livre[4], amusant d’ailleurs et bien fait, sur un obscur pamphlétaire de ce même XVIIIe siècle. Je n’en crois rien. "Nous ne venons pas plus tard à parler de Voltaire ou de Rousseau que de la guerre de sept ans ou de la perte de l’Inde, des « grands noms littéraires, » que des événemens historiques du XVIIIe siècle. En attendant que l’auteur de la Bibliographie de Voltaire nous en

  1. Les Prodigalités d’un fermier-général. Complément aux Mémoires de Mme d’Epinay, par M. Emile Campardon ; 1 vol. in-18. Paris, 1882, Charavay, frères.
  2. Les Avocats aux conseils du roi. Étude sur l’ancien régime judiciaire de la France, par M. Emile Ros ; 1 vol. in-18. Paris, 1881, Marchal et Billard.
  3. Voltaire. Bibliographie de ses œuvres, par M. George Bengesco, 1 vol. in-8o, Paris, 1882 ; Rouveyre et Blond.
  4. Théveneau de Morande, par M. Paul Robiquet ; 1 vol. in-8o, Paris, 1882 ; Quantin.