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du salaire, qu’il est disposé à trouver trop élevé, mais rien ne l’irrite plus que les manques de paroles et les ruptures d’engagemens en pleines moissons, déterminés souvent par l’offre de la plus légère augmentation des gages.

La tenue des fermes laisse souvent encore à désirer beaucoup dans ces provinces, citées pourtant comme des modèles. Le fumier trop souvent infecte les abords et se perd pour l’agriculture. Les bâtimens des moyennes et des petites fermes, améliorés dans des cas qu’on cite avec un certain orgueil, laissent à désirer pour la plupart. Les animaux sont souvent mal à l’aise, sans air et sans lumière en suffisance. Mauvais calcul pour les forces à réparer qu’une si défectueuse hygiène. Les sociétés d’agriculture répètent, en gémissant de ces routines, que des dépenses intelligentes seraient l’économie la mieux entendue. L’animal donnerait plus de forces ou plus de chair, et les frais de maladie seraient épargnés. Cela ne veut pas dire, encore une fois, que le progrès ne soit pas réel, quelquefois très grand, mais il offre trop de lacunes. Le logement de la famille est meilleur. Le jour et la lumière pénètrent davantage. Pourtant le logement est souvent encore un des côtés faibles de la petite ferme. Dans les moyennes, il est généralement salubre et convenable. On trouve dans bon nombre un petit salon ; la salle à manger, le plus souvent, ne sert qu’aux jours fériés, à moins que la famille ne tienne à s’isoler aux heures des repas ; plus habituellement, elle mange dans la cuisine, à côté des gens de la ferme et des ouvriers, qui apprennent à se mieux respecter. Le chauffage avait à se perfectionner dans ces pays où l’humidité est à redouter. On voit aujourd’hui partout des poêles et une large consommation de houille.

Quant aux grandes fermes, elles offrent un caractère souvent des plus frappans. La culture industrielle donne un aspect de ferme-usine aux plus grands établissemens agricoles. Le progrès des constructions et le bon aménagement de toutes les parties, les bâtimens en brique et en pierre de taille, les écuries bien aérées et bien voûtées, les vastes étables et bergeries très salubres, substituées aux anciennes si souvent basses et malsaines, s’imposent à l’attention, particulièrement en Flandre. Là surtout la population animale de ces grandes fermes a beaucoup augmenté depuis une cinquantaine d’années et a du recevoir une installation nouvelle. Une ferme, non pas des plus grandes, mais assez grande seulement, présentera environ 20 à 30 chevaux, 10 bœufs, 20 vaches, 50 porcs, 250 à 300 moutons, etc. Le mobilier d’une telle ferme, ces animaux compris, peut offrir une valeur d’environ 40,000 francs, sans comprendre les récoltes en terre d’une valeur encore supérieure. Les produits ordinaires de la vacherie et de la basse-cour fournissent