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Le mois d’après, le roi va voir la parodie de l’ouvrage à la foire Saint-Germain, chez Francizin, joueur de marionnettes ; un mois se passe encore, les représentations continuent, et Robinet témoigne qu’il est du même sentiment que Mayolas :


Des machines presque, divines,
Et les Vers de Monsieur Boyer,
Méritent bien sans aucun doute
Qu’on y courre, quoi qu’il en coûte.


Il en coûte justement plus que de voir une comédie de Molière, — on nous le dit en termes exprès, — mais quoi !


quand il faut se satisfaire
Le Coust est un mal nécessaire,
Mais mal qui doit passer pour Bien !
À qui de son or use bien, —


et qui donc oserait dire que c’est mal user de son or que d’enrichir M. Boyer ?.. M. Boyer est cité par Mayolas dans cette liste des « beaux esprits » où pieusement il insinue son prédécesseur Loret :


Les Chapelaina et les Corneilles,
Les Scudérys et les Gombauds,
Les Boyers, Gilberts et Quinauts,
Les Segrais et les Benserades,
Les Lorets et ses camarades…


Hélas ! parmi ces beaux esprits, combien ont péri tout entiers que semble railler ici le grand nom de Corneille ! Ils ont vécu cependant au même titre que lui, ce que nous risquons chaque jour d’oublier davantage, — et le rimeur de gazettes, en nous le rappelant de la sorte, nous rappelle que lui aussi, cet immortel, a vécu sa vie humaine !

Ai-je fait comprendre l’intérêt de ces gazettes et qu’il justifie celles d’aujourd’hui ? qu’en marge de la critique il y a place pour la chronique, et que le plaisir qu’on y prend n’est pas si frivole puisqu’il en reste, après deux cents ans, une utilité pour les lettres ? Je serais heureux, j’en conviens, de vous avoir rassurés sur un de nos goûts, et plus heureux encore d’avoir rendu à la mémoire de James de Rothschild, enlevé par la mort d’une façon qu’il ne prévoyait guère lorsqu’il nous entretenait, deux mois avant, de ses travaux, l’hommage qui peut-être lui semblera le plus précieux.


LOUIS GANDERAX.