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que les budgets de l’Autriche et de la Hongrie soient toujours en déficit. L’état prospère des récoltes dans ces deux pays ne peut que profiter au crédit national ; la fermeté des deux rentes or est donc justifiée, et les nouveaux appels aux capitaux étrangers, préparés par les ministres des finances de Pesth et de Vienne, se produiront dans des circonstances réellement favorables.

Les marchés de Londres et de Paris ont fait bon accueil au nouveau fonds espagnol li pour 100, qui se négocie à 63 et 6’ pour 100. Malheureusement la part prise par la spéculation à l’établissement et au maintien de ce cours est trop manifeste pour qu’il n’y ait pas danger à le considérer comme l’expression exacte de la valeur actuelle du crédit de l’Espagne.

Les actions des chemins de fer français ont été complètement négligées pendant cette quinzaine. Au contraire, celles des chemins étrangers ont été fort recherchées. Le Nord de l’Espagne et le Saragosse ont monté lentement à 607 et 507 ; les Autrichiens ont gagné 17 francs à 755 et les Lombards 19 à 328. Les augmentations continues de recettes expliquent ce mouvement. De plus, la spéculation escompte les bénéfices que doivent, à son avis, retirer les chemins austro-hongrois du transport des céréales cet automne. La hausse des Lombards ne peut-être que l’œuvre de la spéculation ; il faut que la compagnie réalise 15 millions de bénéfices nets pour se trouver en mesure de donner 10 francs par titre à ses actionnaires ; elle n’en est pas encore là.

L’action de la Banque de France se maintient à 5,400 francs. Les acheteurs espèrent toujours une élévation du taux de l’escompte. La Bourse et le commerce comptent bien, au contraire, que le taux ne sera pas modifié et, vraiment, les chiffres des derniers bilans hebdomadaires ne font pas supposer que la Banque se voie prochainement obligée de recourir à aucune mesure de précaution. L’encaisse a pris de telles proportions que des difficultés monétaires trouveraient la Banque admirablement préparée. L’encaisse or dépasse un milliard, tandis que l’encaisse argent a une tendance constante à diminuer. Lors même que les achats de céréales et d’autres produits prendraient de 100 à 200 millions d’or cet automne, le mal serait supportable. Les besoins d’argent sont modérés, car le portefeuille diminue et l’excédent de la circulation sur l’encaisse n’atteint pas 500 millions.

La situation est loin d’être aussi bonne en Angleterre, où la Banque voit sa réserve se réduire à un minimum dont l’apparition l’oblige à élever le taux de l’escompte. Une première fois, il y a quinze jours, l’escompte a été porté de 3 à 4 pour 100. On pense qu’il ne tardera pas à être porté à 5 pour 100, à cause des paiemens que l’Angleterre aura à effectuer soit en Égypte, soit en Italie, soit aux États-Unis.

Le Crédit foncier atteignait le cours de 1,500 francs, il y a quinze jours,