Les questions de l’assistance publique, de la population et de la sélection naturelle sont si inséparables que, dans notre siècle, l’esprit a été logiquement conduit de l’une à l’autre et amené par là à d’importantes découvertes. C’est le problème de l’assistance publique et l’observation des effets produits par la taxe des pauvres qui inspira à Malthus sa « loi de la population ; » c’est la loi de la population, à son tour, qui fit découvrir à Darwin d’abord celle de la « lutte pour la vie, » puis celle de la « sélection naturelle. » On peut donc dire (et la chose est digne de remarque), que c’est un problème social et économique qui a provoqué une des plus grandes révolutions de l’histoire naturelle. Même avant Darwin, M. Spencer, étudiant dans sa Statique sociale l’influence de la philanthropie sur le mouvement de la population, sur la multiplication artificielle des faibles de corps ou d’esprit et par cela même sur l’abaissement de la race, avait fait voir comment la « concurrence vitale » peut produire, par voie de sélection et d’élimination, tantôt le progrès, tantôt la décadence d’une espèce. Il a ainsi devancé Darwin ; mais