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1/2 ou 7 hectolitres 1/2 environ par hectare : cette moyenne est moitié moindre que celle de la France ; mais il faut considérer que la récolte était réputée mauvaise ; on la tient pour bonne quand elle fournit une moyenne de 9 quintaux métriques ou de 12 à 13 hectolitres par hectare ; ce chiffre n’a jamais été atteint dans les cinq dernières années. Sur les terres des Européens, la récolte est relativement d’un tiers plus élevée que sur celles des indigènes. Ce n’est pas que tous les indigènes soient de mauvais cultivateurs; il s’en trouve parmi eux d’excellens ; plusieurs ont eu des récompenses dans les concours. Si nous ajoutons que 64,000 hectares sont cultivés en plantes potagères et légumineuses, 8 à 9,000 en tabac, 4 à 5,000 en lin, nous n’aurons plus guère à parler que de la vigne.

Il est étrange combien l’homme met de temps à découvrir les vraies richesses. La vigne, les mines de fer et l’alfa sont parmi les ressources principales de l’Algérie; nos premiers colons leur préférèrent le coton et les mines d’or. On parle beaucoup, depuis sept ou huit ans, des vignes d’Algérie. Il se fonde des sociétés financières pour planter cet arbuste en Afrique. Jusqu’ici, il occupe bien peu de place. On recense 10,966 planteurs pour 23,724 hectares en vignobles ; c’est dire combien la petite propriété prévaut dans cette culture. On doit désormais se préoccuper de la faire en grand. Sur ces 16,966 propriétaires de vignes, il y a, — chose curieuse, — un peu plus d’indigènes que d’Européens, 8,916 contre 8,050. Mais ces indigènes semblent ne faire que des essais et n’ont que des parcelles infimes en vignes ; les neuf dixièmes des vignobles appartiennent à des colons. La production de 1880 est évaluée à 432,000 hectolitres, un peu moins de 20 par hectare. Ce n’est encore qu’un embryon. Quand on se rappelle que le seul département de l’Hérault, avant le phylloxéra, comprenait une étendue de 200,000 hectares de vignes, produisant 12 à 15 millions d’hectolitres de vin, d’une valeur de 200 millions de francs, on se rend compte que l’Algérie ne fait que d’entrer dans la voie. De 1879 à 1880, le vignoble algérien s’est accru de 3,729 hectares. L’impulsion, toutefois, est donnée; les vignerons de nos départemens du Midi abondent aujourd’hui en Afrique ; les capitaux n’y sont plus rares. Avant dix ans, il y aura sans doute plus de 100,000 hectares de vignes, et, dans un quart de siècle, il se pourrait que le vignoble algérien représentât le cinquième du vignoble français.

Si l’agriculture est aujourd’hui la première richesse de notre colonie, le fonds sur lequel elle vit et épargne, les ressources industrielles, commencent à avoir de l’importance. Parmi ces dernières on peut citer l’alfa, qui se rattacherait à l’agriculture si c’était une plante demandant d’autres soins qu’une exploitation soigneuse. On sait que