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les patentes, le seul impôt direct général sur les Européens, qui produisent 1,100,000 francs. Le budget des ressources spéciales est aussi alimenté par des ressources purement algériennes. Tous les travaux publics ordinaires sont défrayés par des ressources propres au pays : il en est de même des garanties d’intérêt aux chemins de fer algériens, c’est l’Algérie qui les paie.

On ne saurait trop mettre en relief cette situation remarquable. L’Algérie suffit aujourd’hui par ses propres ressources à la généralité de ses dépenses ordinaires et civiles : la France n’intervient que pour quelques travaux extraordinaires de routes, de ponts, de ports auxquels elle concède environ 4 millions chaque année. Elle se charge aussi de toute la dépense de l’entretien de l’armée, tandis que l’Angleterre met ce fardeau à la charge de l’Inde. L’Algérie coûte donc actuellement à la France beaucoup moins qu’on ne le croit : l’armée, soit une cinquantaine de millions de francs, et de 5 à 10 millions de dépenses civiles, y compris la subvention aux chemins vicinaux, voilà ce que la France paie aujourd’hui pour sa grande possession africaine.

Si la situation financière générale de la colonie, telle qu’elle résulte de son budget, doit être regardée comme satisfaisante, celle des trois départemens algériens et des communes l’est également. Les recettes départementales en Algérie atteignent une dizaine de millions à l’ordinaire et 3 millions 1/2 à l’extraordinaire et laissent sur les dépenses correspondantes un certain excédent. Le crédit des départemens est bon ; ils peuvent emprunter aujourd’hui à 5 pour 100 ou même à moins. Le budget ordinaire des communes monte à une quinzaine de millions, leurs recettes extraordinaires à une dizaine et couvrent assez facilement les dépenses. Il y a quelques années, les communes étaient fort gênées, elles n’ont d’impôt direct que la taxe sur les loyers et un léger prélèvement sur les patentes; l’une de leurs principales ressources est l’octroi de mer, sorte de droit de douane perçu sur les principales denrées et dont le produit est réparti entre les municipalités. Les tarifs de cet octroi général ont été relevés en 1880 de façon que le rendement a augmenté d’environ 50 pour 100 et approche de 7 millions ; les communes y ont trouvé le moyen d’avoir une situation financière assez large. En définitive, l’ensemble des dépenses générales, départementales et communales ordinaires en Algérie approche de 60 millions, et ce sont des ressources purement algériennes, fait remarquable, qui y pourvoient. Ce sont aussi les localités algériennes qui, par leur crédit, font face à leurs dépenses extraordinaires, sauf 8 ou 10 millions que peut fournir l’état, comme on l’a vu plus haut.

Les institutions de crédit sont assez nombreuses dans notre colonie; depuis quelque temps même il s’en fonde de nouvelles, peut-être