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REVUE LITTÉRAIRE




À PROPOS D’UNE TRADUCTION DE CATULLE.







Les Poésies de Catulle, traduction en vers français, par M. Eugène Rostand, avec un commentaire critique et explicatif, par M. E. Benoist, Paris, 1882 ; Hachette.


Ce ne serait peut-être pas rendre à la cause des bonnes lettres, dans le temps où nous sommes, un médiocre service, que de plaider l’importance de la philologie grecque et latine dans l’éducation de ce que l’on appelait autrefois l’honnête homme. À la vérité, je n’oserais pas dire que, de ces sortes d’études, on ne fît pas en France, entre savans, au moins, toute l’estime qu’il faudrait. Mais je puis bien constater que, si le grec et le latin, depuis quelques années surtout, n’ont pas perdu plus de terrain, il n’a certes pas dépendu de M. Paul Bert ou de M. Jules Ferry qu’ils en perdissent davantage. Et sans compter qu’il est vexant, à quiconque aujourd’hui veut lire un bon texte grec ou latin, d’être obligé, presque toujours, et en tout cas trop souvent, d’en écrire à Leipsig ou Berlin, il y a dans cet oubli des traditions une injustice, dans cette défiance ouvertement témoignée pour la haute culture littéraire une maladresse, et dans ces tentatives enfin pour substituer on ne sait quelle instruction utilitaire à l’ancienne éducation libérale, — il y a de la sottise. C’est ce qu’il pourrait y avoir, je pense, quelque réel intérêt à montrer.

La publication du texte de Catulle, que nous avons là sous les