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si nous mesurons la tâche que notre industrie serait en mesure de remplir en France pour améliorer sur tant de points l’existence de nos concitoyens, nous ne pouvons nous empêcher de regretter que les préoccupations des hommes aptes à ces entreprises ne se soient pas portées exclusivement sur les travaux hygiéniques dont nous venons de parler et qu’une part importante du capital français n’y ait pas trouvé son principal emploi. Que dirait-on de nous si nous avions aidé à la construction du réseau des chemins de fer européens avant d’assurer l’achèvement du nôtre ? N’aurions-nous donc pas opéré. aussi sagement, en éclairant et en assainissant toutes nos villes, qu’en portant notre argent en Espagne, en Italie, voire même en Égypte ?

Il n’est pas nécessaire de s’étendre davantage sur ce premier objet de l’accroissement des dépenses municipales : nul ne s’y opposera ; tout au contraire, elles serviront à accroître la popularité de quiconque s’en fera le défenseur dans une intention plus ou moins intéressée ; elles ne peuvent en outre donner lieu à aucune méprise, à aucune équivoque ; à tous les points de vue, sauf à celui de la mesure toujours indispensable à garder, elles méritent d’être encouragées.

En est-il de même des deux autres natures de dépenses sur lesquelles nous voulons arrêter un moment l’attention du lecteur, celles de l’instruction et de l’assistance ? Les dépenses de l’instruction primaire sont depuis longtemps obligatoires : en cas d’insuffisance des revenus ordinaires (ce qui est le cas presque général), il est pourvu aux dépenses de l’instruction primaire par une addition de centimes spéciaux, votée par le conseil municipal ou, à son défaut, d’office, et cette imposition, comprise dans la loi générale de finances annuelles (loi du 15 mars 1850), est de 3 centimes portés plus tard à 4. La loi du 10 avril 1867 avait autorisé les communes à voter une imposition extraordinaire de 4 centimes pour établir la gratuité. Enfin, jusqu’à l’année 1881, les dépenses de l’instruction primaire étaient en partie couvertes par la rétribution scolaire que les parens des élèves fréquentant les écoles versaient eux-mêmes dans la caisse municipale. Le rapport de l’exercice 1877 porte les dépenses de l’instruction primaire (Paris non compris) à 76 millions : elles n’étaient que de 49 en 1868. Les 3 centimes spéciaux avaient fourni 10 millions 1/2 ; les 4 centimes de la gratuité, à peine établis en 1868, ajoutaient, en 1870, une plus-value de 2 millions 1/2 ; la rétribution scolaire procurait un revenu de plus de 18 millions : le surplus des dépenses était couvert par les revenus ordinaires des communes et les subventions des départemens et de l’état.

Nous ne parlons pas ici d’autres dépenses relatives à l’instruction supérieure ou secondaire, auxquelles les communes participent