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d’aussi loin il est difficile de préciser, venaient à se réaliser, ces mêmes stigmariées donnaient naissance à d’énormes bourgeons d’où sortaient en s’élevant verticalement jusqu’à une hauteur de 30, 40 et 50 mètres, les tiges aériennes, érigées en colonne, plaquées à la surface d’une mosaïque de cicatrices foliaires d’une parfaite régularité, que l’on désigne sous le nom de sigillaires.

Les types houillers dont nous venons de parler, à l’exception du dernier qui n’a pu être encore rigoureusement défini, étaient des cryptogames, c’est-à-dire des plantes relativement inférieures, subordonnées à celles qui forment actuellement l’immense majorité du tapis végétal. C’était pourtant des cryptogames plus élevées et plus parfaites, surtout plus puissantes qu’aucune de celles que nous connaissons. N’ayant point à subir de concurrence de la part d’une catégorie encore absente, celle des plantes à feuillage, les cryptogames dominaient incontestablement ; cependant elles n’étaient pas les seules, ainsi qu’on l’a cru longtemps. C’est à M. Grand’Eury que revient en grande partie le mérite de cette curieuse révélation. Ses études sur les cordaïtées, qui abondent dans les couches de Saint-Étienne et dont il a reconstruit un à un tous les organes, les graines silicifiées qu’il a recueillies à Grand-Croix et que Brongniart, puis M. Renault, ont patiemment analysées, ont eu pour résultat de faire connaître l’existence d’un nombre relativement considérable de « phanérogames » carbonifères. Ces types, dont on soupçonnait à peine l’existence, sont venus accroître d’une façon inattendue la catégorie des « gymnospermes, » que les conifères et les cycadées représentent seules dans l’ordre actuel. Ces gymnospermes primitives se distinguent de celles qui leur ont survécu par des traits curieux d’une structure qui achève de se transformer, dont l’évolution, en un mot, est sur le point de s’accomplir, tout en laissant entrevoir des vestiges d’un état antérieur en grande partie effacé. Les gymnospermes constituaient alors le groupe supérieur par excellence ; situées un peu à l’écart et plutôt à l’intérieur des terres que dans les bas-fonds, elles ont aussi laissé moins de traces que les cryptogames, et leurs graines entraînées par les eaux courantes, variées de forme et dénotant une assez grande diversité de genres et d’espèces, sont le plus souvent les seules parties d’elles qui nous aient été transmises, comme si les feuilles et les tiges avaient eu moins d’occasion de venir s’accumuler au sein des lits en voie de formation.

Pourtant, au milieu de ces types de gymnospermes, dont plusieurs demeurent énigmatiques, il en est un, celui des cordaïtées, que M. Grand’Eury a très heureusement reconstitué. Élancé de tige, subdivisé dans le haut en de nombreux rameaux, il étalait à leur extrémité des feuilles largement ou étroitement rubannées, striées