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qualitatives qui consistent surtout en une proportion décroissante de pouvoir calorifique, s’expliquent d’elles-mêmes, puisque des trois facteurs que nous avions admis comme ayant concouru à la production des houilles, deux ont forcément varié dans le cours des âges, nous voulons dire la flore et les conditions de milieu. Comment d’autres végétaux sans rapport avec leurs devanciers, sous un autre ciel astronomique, exposés à de tout autres influences de chaleur et d’humidité, auraient-ils pu donner lieu à la même sorte de combustible ? Loin d’être naturel, un pareil résultat aurait eu lieu de surprendre. Le combustible produit a dû varier et dans une proportion en rapport avec l’abondance décroissante des parties vertes accumulées, avec l’intensité moins prononcée de la chaleur, plus inégalement distribuée selon les saisons.

Cependant il est des stipites, comme ceux de Fuveau, dans les Bouches-du-Rhône, qui ont presque les qualités de la houille et qui, par conséquent, ont dû sans doute leur formation à des circonstances rapprochées de celles qui avaient engendré les charbons anciens, bien que les deux périodes se trouvent séparées par un immense intervalle. Lors des temps secondaires, une partie au moins des conditions de milieu qui avaient présidé à la formation des houilles pouvait encore se reproduire ; plus tard, dans le tertiaire, l’étroite similitude des plantes avec celles que nous possédons oblige d’admettre pour cet âge une ordonnance des saisons peu différente de celle qui prédomine actuellement. Pourtant même alors, dans la plus récente des périodes géologiques, il s’est produit des combustibles charbonneux, bien que sur une moindre échelle que dans les âges antérieurs. Cette répétition du phénomène prouve seulement que des trois facteurs que nous avons signalés, un seul est réellement indispensable à la genèse du phénomène. Ainsi, quoique tout ait changé, plantes, saisons, température, depuis l’époque primaire, s’il s’est rencontré une contrée tertiaire, soustraite momentanément à l’apport des sédimens marno-sableux, pourvue d’une lagune de fond dont la végétation ait envahi les bords, il a suffi que les résidus provenant de cette végétation aient été entraînés en masse considérable et stratifiés au sein de la dépression lacustre, pour que la formation d’un lit de charbon ait inévitablement résulté d’une semblable disposition des lieux. Cette formule, remarquons-le, s’applique à tous les temps ; elle n’exclut pas même le nôtre. Qui sait si, dans l’intérieur de l’Afrique, peuplée de nos jours de tant de lacs alimentés par des pluies périodiques, avec des plages basses couvertes d’une riche végétation, le phénomène des lignites ne se reproduit pas, préparant des trésors moindres sans doute que ceux que nous exploitons, mais encore considérables, à l’usage des gênérations