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REVUE DRAMATIQUE

Comédie-Française : le Roi s’amuse.

Le 22 novembre dernier, l’affiche de la Comédie-Française portait ces mois : « Cinquantenaire et deuxième représentation de le Roi s’amuse, par Victor Hugo. » Aujourd’hui, 1er décembre, que ne puis-je à cette place écrire simplement : « Cinquantenaire et deuxième édition de l’article de M. Gustave Planche sur le Roi s’amuse ! » Une tâche ingrate me serait épargnée.

On connaît l’histoire de ce drame, interdit au lendemain de la première représentation comme outrageant les mœurs. Huit jours après l’interdiction, l’auteur protestait publiquement ; il rappelait qu’Hernani avait été joué cinquante-trois fois, et Marlon de Lorme soixante et une. Il demandait « qui lui rendrait intacte et au point où elle en était cette troisième expérience si importante pour lui. » Apparemment il craignait qu’après une suspension de quelques semaines ou de quelques mois peut-être, l’impartialité de ce public du lendemain, auquel il en appelait du public tumultueux de la première soirée, ne se tournât en indifférence. La suspension, comme on sait, a duré tout un demi-siècle ; et l’expérience, en effet, n’est pas reprise au même point où elle en était. Mais ce n’est pas, comme le craignait l’auteur, en arrière de là qu’elle est reprise ; c’est, au contraire, bien plus avant dans l’opinion du public. Voilà peut-être à la fois ce qui explique la déconvenue de ce public, trop bien disposé pour l’ouvrage, et ce qui