Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 54.djvu/872

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des courans verticaux polaire ou tropical, et doivent à cette circonstance des conditions de climat plus variées, plus appropriées au développement intermittent de la vie végétale. Mais le caractère général du climat n’en reste pas moins rattaché à un type moyen caractérisé par la prédominance annuelle de l’action desséchante du vent polaire, du vent du nord dans notre hémisphère.

Ces nuances de détail sont pourtant beaucoup moins étendues qu’on ne pourrait le croire, et si l’on comparait les observations météorologiques de contrées fort éloignées, très dissemblables en apparence, on serait surpris de la grande similitude qui les rapproche au fond. Retranchez au climat de Marseille ou de Montpellier cinq ou six jours de pluies annuelles et vous retrouvez non-seulement dans l’état météorologique de l’atmosphère, mais dans l’aspect du sol, les conditions physiques du Sahara,

Ces contrées privilégiées de la zone centrale où quelques averses accidentelles tempèrent la sécheresse générale de l’atmosphère et entretiennent la végétation du sol, sont elles-mêmes peu étendues. Distribuées sur les versans étroits du rivage septentrional de la mer intérieure, plus particulièrement dans ces péninsules déliées, l’Italie, la Grèce, l’Asie-Mineure, prolongeant au loin dans les flots leurs rivages, ramifiées comme autant de tentacules qui aspirent une petite partie de l’abondante évaporation de la nappe d’eau centrale, ces régions relativement arrosées plutôt qu’humides, ne représentent peut-être pas un dixième de la grande zone géographique. Sur tout le reste, la sécheresse règne sans partage, et, sauf dans quelques rares oasis accidentellement arrosées, son influence amène la complète stérilité du sol, la steppe ou le désert.

Il ne faudrait pourtant pas croire que ces déserts, le Sahara lui-même, soient complètement privés de pluie. J’ai sous les yeux le relevé des observations météorologiques recueillies par la mission Choisy dans le Sahara algérien, indiquant que, pendant trois mois du 15 janvier au 15 avril, la moyenne des journées pluvieuses a été de 1 sur 3 ; mais ces petites averses de printemps qui, sauf une seule, n’ont pas dépassé 0m,010, sont restées inférieures à l’évaporation qui, variant en général de 0m,006 à 0m,008, s’est élevée une fois à 0m,025 en un jour. L’eau pluviale est reprise par l’évaporation avant d’avoir imbibé le sol ; parfois même elle ne l’atteint pas. Ces cirrus qu’on voit tour à tour, non-seulement dans le Sahara, mais sur nos côtes méridionales d’Europe, se former et se fondre dans les haute régions de l’atmosphère, ne sont autre chose que la condensation naturelle et normale des vapeurs de l’alizé supérieur se précipitât en gouttes de pluie insuffisantes pour saturer les couches d’air inférieures, qui les absorbent et les vaporisent au passage.

Dans des conditions atmosphériques différentes, les mêmes précipitations