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Le commerce de Médine est alimenté surtout par les Maures Douaïch, qui apportent la gomme, par les habitans du Khasso, du Kaméra et du Logo, qui apportent des arachides, et par quelques caravanes de Sarracolets, qui vont chercher de l’or et de l’ivoire dans le Bambouk.

Tel est l’état de notre commerce avec le Soudan par le Sénégal au moment où nous écrivons. Aucune maison de commerce n’a essayé de s’établir à Kita, où nous avons un poste à 200 kilomètres du Niger. Nos derniers comptoirs sont toujours à Médine. Les Diolas-Sarracolets, qui sont les voyageurs de commerce de la Nigritie occidentale, prennent de préférence la route du Kaarta pour aller à Ségou, ou bien gagnent le Fouta-Djalon par le Boundou et le pays de Badou. Depuis de nombreuses années, ils avaient renoncé à traverser le Bambouk ; ils allaient à Sadidla, Borokoné, mais n’osaient pas s’avancer vers le Dentilia et le Bélisougou. J’ai lieu d’espérer que l’exploration que je viens d’accomplir les décidera à se rendre dans ces pays, où l’on s’est engagé à les bien recevoir et à les protéger.

Nous voyons que nos marchandises continuent à s’échanger à nos escales du fleuve, et qu’on n’a pas créé de marchés nouveaux vers le Soudan. Les négocians qui ont des comptoirs sur les rivières du Sud, — dépendances du Sénégal au point de vue administratif, — semblent vouloir être plus hardis. M. Verminck a envoyé à ses frais deux explorateurs, MM. Zweifel et Moustier, qui ont réussi à dépasser Falaba et ont reconnu les sources du Niger. M. Aimé Ollivier a quitté sa maison de Boulam et a fait lui-même une exploration scientifique et commerciale dans le Fouta-Djalon en 1880. En 1881, M. Ollivier, qui avait reconnu la richesse et l’avenir de cette contrée, y envoyait deux de ses agens, MM. Gaboriaud et Ansaldy, hommes d’une grande énergie, que nous avons eu le plaisir de voir à Fougoumba, où nous étions arrivés avant eux.

Les rivières du Sud font, comme on le sait, un commerce des plus importans avec un pays très étendu, formant un tout politique sous le commandement d’un chef suprême qui prend le titre d’almamy (el-iman el-moumenin, prince des croyans) et habité par une race qui a aujourd’hui la suprématie dans tout le Soudan, de l’Atlantique aux environs du lac Tchad, les Pouls ou Foulahs : nous voulons parler du Fouta-Djalon.

On n’a peut-être pas encore oublié l’ambassade africaine venue au mois de janvier dernier, à Paris, signer un traité avec le président de la république ; elle était composée de chefs pouls, envoyés par l’almamy du Fouta-Djalon, et que j’avais décidés, non sans peine, à