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publics et lorsque déjà on aura réussi à préparer une amélioration durable sur ces bas cours.

Aussi le 3 pour 100, qui avait atteint un moment 80.60, a-t-il rétrogradé subitement à 80.10, entraînant après lui l’amortissable au-dessous de 81. L’opinion dominante est que l’exploitation du découvert existant pourrait sans peine se transformer, entre les mains d’une spéculation habile, puissante, en instrument de hausse, mais que la haute banque n’interviendra pas contre les entreprises des baissiers aussi longtemps que le gouvernement n’aura pas déclaré sans ambages qu’il est résolu à traiter avec les grandes compagnies pour l’exécution du programme Freycinet. Or il ne serait pas impossible qu’on demandât au gouvernement, comme un témoignage indiscutable du revirement opéré dans ses dispositions l’abandon de ce réseau d’état dont l’exploitation a donné jusqu’ici de si piètres résultats.

Autrefois on voyait régner à la Bourse, pendant la première quinzaine de décembre, une animation extraordinaire, et presque toutes les valeurs étaient portées aux plus hauts cours que comportât la situation, parce que chaque société de crédit, au moment d’établir son bilan de fin d’année, cherchait à obtenir une cote favorable pour les titres composant son portefeuille. Après un exercice comme celui de 1882, à quoi bon cet effort ? Tout le monde sait que la plupart des sociétés n’ont rien gagné, que quelques-unes ont beaucoup perdu. Quel que soit le niveau des valeurs à la fin de décembre, il est certain que, dans le plus grand nombre des rapports qui seront présentés aux assemblées générales le printemps prochain, on ne pourra pas exposer une situation favorable. Les sociétés paraissent donc avoir renoncé cette fois à tenter ce qu’on appelait jadis la hausse des bilans. On confessera hardiment les pertes subies, et l’on pourra engager ainsi dans des conditions moins défavorables la campagne de 1883.

Il avait été question un moment d’une grande opération que tenterait le Crédit foncier en décembre. Il s’agissait de la création de six cent mille obligations rapportant 15 francs et remboursables à 500 francs, comme les obligations de chemins de fer. On pouvait se demander pourquoi une affaire de cette importance serait lancée pendant les dernières semaines de l’année, alors que les besoins d’argent sont toujours considérables et quand le marché accuse des dispositions si peu favorables. C’est que le Crédit foncier se trouve dans cette situation fort embarrassante, qu’il continue toujours à prêter et que ses ressources sont complètement épuisées. Il y a bien une émission continue d’obligations de 4 pour 100 à 480 francs, mais ces titres ne sont pas goûtés du public, et si notre grand établissement hypothécaire ne trouve pas un autre moyen de se procurer 200 millions, il se verra contraint d’arrêter ou du moins de ralentir ses opérations.

Le Crédit foncier a donc pensé à offrir au public un type connu et