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ESSAIS
DE
PSYCHOLOGIE SOCIALE

II.[1]
LES CONSÉQUENCES DE L’HÉRÉDITÉ. — LES LOIS DE FORMATION DU CARACTÈRE, L’INSTITUTION DES CLASSES, LES CAUSES MORALES DU PROGRÈS ET DE LA DÉCADENCE.

Nous avons examiné, dans une étude précédente, ce qu’on nomme l’hérédité psychologique[2] ; nous avons essayé de montrer que l’action de l’hérédité, très sensible dans les phénomènes organiques et dans les phénomènes mixtes, s’efface et s’atténue à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie des facultés et tend à disparaître quand on arrive aux fonctions caractéristiques de l’homme, la pensée pure, l’art, la moralité. Dès les commencemens les plus obscurs de l’existence, l’hérédité rencontre à côté d’elle, au-dessus d’elle, un principe antagoniste, le principe qui fait, à son plus bas degré, l’individualité de l’être vivant, à son plus haut degré, la personnalité de l’être raisonnable. Il est impossible de rien comprendre au monde réel et vivant si l’on ne tient pas compte de ces deux forces en présence dans la bataille de la vie, sur l’humble terrain de l’existence individuelle comme sur le théâtre élargi où se joue le grand jeu de l’histoire.

  1. Voyez la Revue du 15 avril 1883.
  2. Voyez la Revue du 15 avril 1883.