Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/639

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une répercussion de sève toujours nuisible et certainement fatale si elle se répète ; 3° elles sont attaquées par le mildew, maladie qui s’établit d’une façon très inquiétante dans la Gironde et cause de grands ravages en Amérique, non-seulement sur les feuilles, mais aussi sur les fruits et sur le cep lui-même. Nous trouvons le mot mildew dans la Bible anglaise ; il y est prononcé par les prophètes Amos et Aggée comme une malédiction. En anglais, il exprime fort bien la nature de la maladie : moisissure humide, imprégnée de rosée (dew). Elle est causée par des écarts de température et par de brusques variations hygrométriques produisant des déchirures microscopiques de l’épidémie. Celui-ci, devenu incomplet, expose le parenchyme à l’air et le rend ainsi accessible à des sporules qui s’y multiplient d’autant plus rapidement que les circonstances atmosphériques continuent à lui préparer du terrain. Du mildew au rot et à l’anthracnose il n’y a qu’un pas. Les auteurs américains citent un espalier d’isabelle exempt de mildew pendant dix ans et attaqué du jour où il s’aventura hors de l’abri d’une corniche tutélaire. Le mal apparut sur la partie exposée, puis sur la partie abritée, la cause prédisposante préparant les voies à la cause accidentelle, celle-ci déterminant l’état contagieux, précurseur de l’état constitutionnel. Cet état constitutionnel stérilise et tue le cep si l’amputation immédiate du rameau attaqué (en un point situé au-dessous de l’attaque) ne prévient la diffusion de la sève altérée parmi les cellules saines ; la destruction totale des sporules latentes n’écarte le danger d’une nouvelle invasion qu’autant que les causes prédisposantes sont complètement écartées. Il est rare qu’une souche profondément attaquée revienne à la fertilité ; il y a des exemples, dans la Gironde, de vignes demeurées stériles après leur guérison. Le professeur Husman considère que cette décomposition du parenchyme est partiellement due à l’état miasmatique de l’air, et il ajoute que, là où la malaria et les fièvres règnent, la vigne semble subir leur influence autant que l’homme lui-même. Le mildew semble être une des causes aggravantes dont la présence ou l’absence rend le phylloxéra alternativement mortel ou inoffensif sur un même cépage, ce qui prouve une fois de plus l’influence des relations fonctionnelles entre feuilles et racines sur la résistance ; l’action incomplète des feuilles sur la sève descendante ne permet pas à la racine de réparer les lésions que lui infligent les piqûres de l’insecte à mesure qu’elles se produisent ; c’est alors que la pourriture, en désorganisant les tissus lésés, isole les spongioles, parties actives de la racine, et, par ce fait, affaiblit ou tue, selon que cette désorganisation est partielle ou générale.

Les catawbas de Kelley-Island luttent, souffrent ou prospèrent