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et l’Odyssée, avait été écrit le premier, si ces deux poèmes étaient du même auteur, et autres questions de même importance, qui, à les garder pour soi, dit-il, ne peuvent procurer une satisfaction intérieure, et, à les communiquer aux autres, vous feraient paraître non pas plus savant, mais plus ennuyeux : non doctior videberis, sed molestior. — Sénèque était rhéteur, mais homme d’esprit. Si on lui eût dit qu’il pouvait être intéressant et utile d’étudier l’histoire de la marine grecque, et qu’on pouvait espérer de retrouver la forme des anciens navires, grâce aux textes bien interprétés, grâce aux représentations maritimes de vases grecs et étrusques qui remontent très haut ; si on lui eût révélé à l’avance que la science moderne, en s’appliquant à ces problèmes selon lui ridicules, parviendrait à démontrer comment ont pris naissance l’Odyssée et l’Iliade, sous l’influence de quels procédés de l’esprit humain s’ouvrant, en certains momens de la vie des peuples, à la poésie épique, Sénèque se serait pris à réfléchir et sur les beaux résultats de pareilles recherches et sur les bienfaits d’une méthode qui, sans compter le bénéfice des conclusions finales, ne saurait être pratiquée sans un véritable profit intérieur.

Le caractère de spécialité requis pour les études proposées aux membres de l’École française de Rome en fait la diversité profonde. Il s’ensuit qu’il ne peut guère y avoir dans le sein de l’École un réel enseignement en commun. C’est au directeur, pour tout ce qui est en dehors de sa propre compétence, à établir les relations nécessaires avec chacun des savans qui peuvent servir de maîtres spéciaux en France, en Italie, en Allemagne. L’École est un institut de-travail individuel avec deux sortes de sanction extérieure : le jugement de l’Académie des inscriptions et la publicité.

L’École dispose, en vue de cette publicité, d’un recueil in-octavo qui, depuis 1877, paraît en fascicules ou volumes isolés, sous ce titre commun : Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome. Une somme inscrite au budget permet à chacune des deux Écoles l’impression de quarante feuilles environ pour chaque année. C’est là qu’on insère les mémoires étendus : il y a paru un ouvrage en trois volumes. En dehors de ce recueil, qui contient des dissertations dont le plus grand nombre résument plusieurs années d’application et de recherches, il fallait une sorte de Bulletin périodique enregistrant les études de détail. Ce Bulletin ne pouvait pas ressembler à celui d’Athènes. Ici, en effet, l’absence presque complète de tout autre organe faisait souhaiter la création d’une sorte de journal qui informerait l’Occident, tandis que, pour Rome et l’Italie, le Bulletin de l’Institut de correspondance, les Notices des fouilles et le Bulletin de la commission archéologique