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rectifications et ces additions. Il s’agit de personnages en lumière, qui ont pris une part active aux événemens de leur époque. C’est Pierre de Condé, ce chapelain de saint Louis, connu pour ses lettres écrites de Tunis ; Pierre d’Auvergne, auteur d’écrits philosophiques ; Pierre de Ferrières, jurisconsulte et archevêque d’Arles, objet dans l’Histoire littéraire de la France d’une notice qui devra être complétée et rectifiée ; Landolfo Colonna, devant lequel, quoi qu’en disent l’Histoire littéraire et la Biographie Didot, il faudra que disparaissent Raoul et Landulphe de Coloumelle, qui sont de pure invention ; Jean de Jaudun, qui a écrit en 1323 les Louanges de Paris ; Marsili de Padoue, le célèbre réformateur politique et religieux du XIVe siècle, recteur de notre université en 1312 ; Ockam enfin, un des plus grands noms de la philosophie au moyen âge. Il n’est pas une de ces biographies sur laquelle M. Thomas n’ait rencontré dans les Registres quelques renseignemens nouveaux. M. Faucon, de son côté, a très bien signalé combien de pareils documens serviraient à l’histoire des arts.

Il faudra, pour les registres d’Innocent IV, trois volumes in-quarto ; les trois premiers fascicules sont déjà publiés. L’impression du volume de Benoît XI, disions-nous, est commencée. Celle de Boniface VIII se fera attendre une année encore. — L’École française de Rome voudra-t-elle mener à bien, pendant un long temps, une telle entreprise ? Pourquoi non ? Il n’y faut qu’une persistance que la conviction du service rendu fera aisément acceptable. Est-il assez démontré que l’œuvre engagée devra être d’un remarquable intérêt ? A ceux qui veulent s’y vouer ne manquent pas les sérieuses et immédiates récompenses. Ils ont cette satisfaction légitime qu’offre aux meilleurs la pensée d’une possession première, d’une sorte de découverte ou de conquête en un riche pays non encore reconnu ; ils ont le très réel avantage de faire provision, au début de leur carrière, d’une multitude d’observations que d’autres ne pourront faire qu’après coup, s’ils y pensent jamais. Il y a encore un bien autre profit que les bons esprits recherchent, peut-être inconsciemment, et qui est le plus précieux. L’âpre séduction de ce travail sévère rémunère celui qui la subit volontiers par un véritable progrès intérieur, à la fois intellectuel et moral. C’est la condition de tout loyal effort dans la voie étroite, c’est en particulier celle d’une pratique austère, qui n’exclut pas le charme de l’invention et la saveur de l’inédit. Ajoutons que le solide mérite des travaux de longue haleine parait manquer à notre pays dans un temps comme le nôtre ; le lui rendre en quelque mesure serait une œuvre utile : on doit s’inspirer du souvenir et de l’exemple des bénédictins.

Nous avons parlé des seules archives de Rome ; mais on sait