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Résurrection, en la vie future avec Dieu et le Christ. Mais encore une fois, dans ces quelques mots sortis du cœur ou écrits d’avance sur la pierre comme des formules courantes et convenues, de la même façon que des bas-reliefs portant le cycle habituel de quelques épisodes bibliques attendaient les acheteurs, qui peut trouver des enseignemens sur le dogme chrétien ? Les graveurs d’épitaphes, répéterai-je avec M. Roller, songeaient-ils vraiment à dogmatiser ? De même, il est possible que le sentiment religieux eût perdu dans l’église quelque chose de son intensité et de sa pureté quand, au Ve siècle, on sculptait sur un sarcophage les trois personnes de la Trinité ; cependant il paraît hasardeux de conclure de ce seul monument figuré que le christianisme penchât alors à l’anthropomorphisme. A quel propos faire peser sur toute l’église et sur tous les fidèles une gaucherie ou une témérité de sculpteur, sur l’interprétation de laquelle d’ailleurs tous les critiques ne sont pas d’accord ?

Un peu plus loin, on trouve dans l’ouvrage de M. Roller un long chapitre sur la primauté de saint Pierre. Ce n’a pas été le travail d’un jour ni même d’un siècle de fonder dans l’église la monarchie absolue. A l’âge apostolique, le prêtre et l’évêque ne forment pas deux degrés distincts de la hiérarchie. Avant la fin du IIe siècle, le pouvoir épiscopal est hors de pair et le gouvernement de l’église est oligarchique. Au milieu du IIIe siècle, les évêques des villes principales, sièges de l’autorité politique, les métropolitains, prennent entre leurs collègues une place prépondérante. On voit déjà l’évêque de la capitale de l’empire affecter dans toute l’église un droit de juridiction universelle. Mais tous les évêques ne reconnaissent pas cette souveraineté nouvelle. On sait les débats des églises d’Orient et d’Occident sur la question de la célébration de la Pâque, ou Irénée intervint comme conciliateur, où Polycrate, d’Ephèse, un peu plus tard, refusa de s’incliner devant l’évêque de Rome Victor et ses menaces ; on sait les railleries amères de Tertullien à l’adresse de l’évêque des évêques et de ses trop complaisans décrets, et l’indépendance, la fière attitude de Cyprien de Carthage au milieu du me siècle en face de l’ingérence plus qu’indiscrète, à son goût, d’Etienne de Rome. Avec le temps, les prétentions des pontifes romains s’affirment de plus en plus jusqu’au moment où, en dépit de protestations de jour en jour plus rares et moins écoutées, la primauté à demi consentie du pontifex maximus s’établira. Telles sont les idées de M. Roller, et je crois que beaucoup de personnes, qui ne sont pas ignorantes, les partagent de très bonne foi. Mais le développement de ces idées était-il ici à sa place ? Au commencement du chapitre intitulé : la Primauté de Pierre et sa cathedra, M. Roller écrit : « Évidemment, les catacombes nous disent fort