Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 58.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rivière Macquaire, en Australie ; Tamisier, 52° 5 à Abou-Arich, en Arabie. Le 20 juillet 1847, par un sirocco brûlant, M. le docteur Armand a eu 48 degrés dans un gourbi et 63° 7 sous une tente au camp de l’Oued-Merdja, dans les gorges de la Chiffa ; un thermomètre directement exposé au soleil marquait 72° 5. Il est bien connu, au surplus, que pendant un temps très court, l’homme peut supporter des températures encore bien plus élevées, grâce à une abondante inspiration, comme le prouvent les expériences faites dans des étuves ou des fours. Blagden a pu supporter pendant sept minutes une température de 126 degrés ; un certain Martinez pouvait, paraît-il, en s’enveloppant la tête d’une pièce d’étoffe, demeurer un quart d’heure dans un four où le thermomètre accusait 170 degrés. Sous l’influence de ces températures excessives, le sang s’échauffe jusqu’à) 40 ou 42 degrés, et le pouls s’accélère comme dans les fièvres, violentes ; mais ce sont là des situations anormales. Dans les circonstances ordinaires, la température du sang ne s’élève guère au-delà de 38 degrés, même sous les climats les plus chauds.

La constance de la température du corps est une condition indispensable de la santé pour les animaux à sang chaud. Nous avons vu que, chez l’homme, la température normale est de 37 degrés ; elle paraît comprise entre 35 et 40 degrés chez les mammifères en général, entre 39 et 43 degrés chez les oiseaux. Elle ne varie notablement que chez les animaux ; improprement dits à sang froid qui prennent la température du milieu ambiant[1]. Quels sont les moyens dont la nature dispose pour suppléer à l’insuffisance de la chaleur intérieure pour en éliminer le surcroit nuisible et ramener les organes à la température qui convient à l’accomplissement régulier des phénomènes de la vie ? Ces moyens sont très variés. Quand l’alimentation devient insuffisante, la calorification s’effectue aux dépens des tissus de l’animal, que l’on voit alors maigrir ; l’herbivore devient temporairement Carnivore. Quand la chaleur est produite en excès, l’organisme s’en débarrasse encore très vite par une foule d’issues : en effet, le corps peut se refroidir par rayonnement, par évaporation et par conductibilité ou contact[2]. On admet qu’en temps ordinaire le rayonnement enlève la moitié, les deux autres voies chacune un quart de la chaleur nuisible. Mais ces rapports sont loin d’être constans ; ils varient avec les circonstances extérieures. L’évaporation est la soupape qui règle les pertes de chaleur

  1. Les animaux hibernans se rapprochent de ces conditions d’existence pendant qu’ils sont engourdis.
  2. Les molécules d’air échauffées par contact se déplacent et se renouvellent sans cesse ; pour désigner ce mode de propagation de la chaleur, on se sert quelquefois du mot de correction.