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de la proportion de vapeur que l’air peut contenir : lorsqu’elle a été atteinte, on dit que l’air est saturé. A 37 degrés, le mètre cube d’air peut contenir 44 grammes d’eau à l’état de vapeur ; à 30 degrés, il en peut contenir 30 grammes, et à zéro 5 grammes seulement. Le plus souvent, ainsi qu’il résulte des indications de l’hygromètre, l’air atmosphérique ne renferme que les trois quarts ou même que la moitié de la quantité de vapeur qui répond à la saturation complète ; mais il n’est jamais tout à fait sec, et la vapeur qu’il contient déjà diminue d’autant la quantité de celle qu’il peut encore recevoir.

La différence qui existe à cet égard entre l’air sec et l’air plus ou moins humide est d’autant plus marquée que la température s’élève davantage, puisque le poids de la vapeur hygroscopique augmente en même temps. A la température de zéro, cette différence ne peut se traduire que par 5 grammes au maximum, tandis qu’â 30 degrés elle peut être six fois plus forte. En effet, un mètre cube d’air sec, échauffé par la respiration jusqu’à 37 degrés, pourrait enlever à nos poumons 44 grammes de vapeur aqueuse. Supposons maintenant que l’air que nous respirons soit à zéro et saturé de vapeur : il en contiendra déjà 5 grammes et n’en pourra plus recevoir que 39 au lieu de 44 en s’échauffant à 37 degrés ; la différence est assez peu sensible. Mais s’il possède déjà une température de 30 degrés et qu’il soit saturé d’humidité, il contiendra naturellement 30 grammes de vapeur par mètre cube, et ne pourra plus en absorber que 14 grammes au lieu de 44 quand sa température s’élèvera à 37 degrés ; l’évaporation ne nous fera perdre que 8 calories au lieu de 25. Pour les 10 mètres cubas d’air que nous respirons en moyenne par 24 heures, cela fait 80 au lieu de 250 calories ; l’écart est de 170 calories. On voit que l’effet réfrigérant de la respiration sera très différent suivant le degré de sécheresse de l’atmosphère, quand la température extérieure approche de 30 degrés. A zéro, la différence ne s’élèverait pas à 30 calories. — Une atmosphère à la fois très chaude et très humide nous paraît si lourde parce qu’elle empêche l’évaporation de l’eau que la transpiration amène à la surface du corps. Le vent lui-même perd alors son pouvoir de dessiccation. Voilà pourquoi les climats chauds et humides sont beaucoup plus malsains que les climats chauds et secs.

Lorsque la calorification intérieure s’accroît par suite d’un exercice violent, l’excès de chaleur sensible est éliminé par un rayonnement plus intense, par des courans d’air ascendans, et surtout par une transpiration plus abondante ; il arrive ainsi qu’après quelques heures d’un effort soutenu, on observe souvent un léger refroidissement du corps. C’est ce que MM. Pettenkofer et Voit ont pu constater plus d’une fois avec un grand appareil à respiration, au