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vêtemens mouillés, les murs humides sont froids d’abord parce que l’eau qu’ils renferment a pour effet d’augmenter leur conductibilité et, par suite, l’écoulement de calorique du dedans au dehors ; puis encore parce que l’évaporation absorbe ou détruit beaucoup de chaleur. De là le cortège de rhumatismes et de catarrhes qui attend les malheureux locataires.

M. Bouchardat, dans son Traité d’hygiène, déclare qu’à ses yeux la grande cause d’insalubrité des habitations, sous nos climats, c’est qu’elles défendent mal contre le froid ou même le font naître. « Quelles sont, dit-il, les habitations du pauvre dans les grandes villes ? Des mansardes exposées à tous les vents et, par conséquent, froides, des rez-de-chaussée dont les murs sont toujours imprégnés d’eau comme des alcarazas, et par conséquent froids. Grelotter l’hiver dans un grenier ; être soumis en été dans les rez-de-chaussée humides à des refroidissemens non suivis de réaction ; être exposé aux mêmes inconvéniens dans les maisons nouvellement construites, dont les intérieurs sont divisés par des cloisons en plâtre encore gorgées d’eau : voilà bien les principaux vices des habitations, si l’on ne s’arrête qu’aux choses qui peuvent déterminer des maladies. » Et c’est à tort, selon M. Bouchardat, que les commissions des logemens insalubres placent au premier rang les dangers qu’entraînent l’encombrement et la malpropreté.

La quantité d’eau que retiennent les murailles de construction récente est assez considérable. M. Pettenkofer a cherché à l’évaluer pour une maison élevée sur caves, d’un rez-de-chaussée et de deux étages, composés chacun de cinq chambres et d’une cuisine. D’après son calcul, une maison de cette dimension exige au moins 800,000 kilogrammes de briques, qui retiennent environ 40,000 kilogrammes d’eau ; le mortier, bien que sa masse soit beaucoup plus faible, pourrait bien en retenir autant ; on trouve ainsi que la maçonnerie entière renferme, dans les premiers temps, 80,000 kilogrammes (80 mètres cubes) d’eau, dont l’expulsion n’est pas chose aisée.

On s’est ingénié à chercher des moyens de sécher rapidement les murs des maisons neuves avant l’installation des habitans. Il n’y a de sérieux que les procédés qui reposent sur l’emploi de la chaleur combinée avec une aération activé. Tout revient en effet à favoriser l’évaporation. Il y faut d’autant plus d’air que la température est moins élevée. A 10°, le mètre cube d’air, que nous devons supposer aux trois quarts saturé, contient déjà 7 grammes de vapeur d’eau, et ne pourra plus en recevoir qu’un peu plus de 2 grammes ; il s’ensuit que, pour absorber les 80,000 kilogrammes d’eau contenus dans la maçonnerie en question, il faudrait près de 40 millions de mètres cubes d’air à la température de 10°. Ce volume