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relative des maçonneries dans lesquelles entrent les matériaux en question ; cette perméabilité dépend essentiellement de la proportion de mortier employée et de la nature du revêtement ; il faut donc là déterminer par des expériences directes.

On possède déjà, à cet égard, des données assez nombreuses. Les expériences de Märker, exécutées à l’aide d’une méthode indirecte sur laquelle nous reviendrons plus loin, ont montré que des murs de briques laissaient passer plus d’air que des murs construits en-grès taillé ; rangés par ordre de perméabilité croissante, les matériaux expérimentés forment la série suivante : grès, moellons, calcaires, briques, tuf calcaire, pisé. Le pisé (briques d’argile séchées à l’air) a été trouvé deux fois plus perméable que la maçonnerie de briques cuites ; ajoutons que les pores de la brique cuite occupent environ 25 pour 100 du volume total, tandis que, dans la brique crue, ils occupent 60 pour 100 du volume. — Les résultats de M. Marker ne sont pas toutefois à l’abri de toute critique. On doit à M. Lang des recherches plus complètes sur les coefficiens de perméabilité des divers matériaux : en tête du tableau figure le tuf calcaire ; puis viennent, par ordre de perméabilité décroissante, les briques de laitier (scories mélangées avec de la chaux éteinte, puis séchées à l’air), le bois de sapin, le mortier, le béton, les briques à la main, le grès vert, le plâtre coulé, le bois de chêne, les briques émaillées. Le plâtre est donc extrêmement compact et peu favorable à la ventilation naturelle.

Les couleurs et les papiers de tenture diminuent la pénétrabilité des murs ; d’après Lang, on peut, sous ce rapport, les ranger comme il suit : le fait de chaux, la couleur à la colle, les papiers glacés, les papiers ordinaires, la couleur à l’huile. Si l’effet est plus marqué pour les papiers ordinaires que pour les papiers glacés, cela tient, comme le font remarquer MM. Putzeys, à ce que les premiers sont imprégnés de plus d’empois. La diminution très sensible de la ventilation naturelle par la peinture à l’huile a encore été constatée par une série d’expériences exécutées à l’hôpital militaire de Bonn. M. Lang a aussi déterminé la quantité d’eau que peuvent retenir divers matériaux, quantité qui dépasse quelquefois 20 pour 100 en poids ou 50 pour 100 en volume ; les briques surtout paraissent se mouiller facilement.

Il serait à désirer que de semblables expériences fussent instituées-dans des conditions très variées. M. le docteur Layet, professeur d’hygiène à la faculté de médecine de Bordeaux, a imaginé, pour ces recherches, deux dispositifs aussi simples qu’ingénieux. Le premier consiste à placer le bloc de pierre qu’il s’agit d’étudier sous une cloche où l’on fait arriver du gaz d’éclairage : le gaz pénètre dans la pierre par la surface libre et en ressort par un tube de