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Briques, d’une capacité de 75mc. Le premier jour, l’air de la pièce étant à la température de 18 degrés pendant que le thermomètre extérieur marquait 1 degré au-dessous de zéro, cette différence de 19 degrés a suffi pour évacuer 75mc, et par suite pour renouveler l’air de la chambre, dans l’espace d’une heure. Un bon feu allumé dans le poêle porte la ventilation à 94 mc par heure. En collant du papier sur les jointures des portes et des fenêtres et sur les trous des serrures, on la réduit à 54 mc. — Un autre jour, le thermomètre marquant 18 degrés à l’extérieur et 22 degrés à l’intérieur, la ventilation tombé à 22mc, qui représentent l’effet d’une différence de 4 degrés : En ouvrant la moitié d’une fenêtre, elle n’est augmentée que de 42mc ; une ouverture de 80 décimètres carrés produit donc ici moins d’effet que la seule transpiration des murs avec une différence de température de 19 degrés.

Un calcul fondé sur ces expériences a montré qu’une différence de température de 1 degré faisait passer, en une heure, environ 245 litres d’air par chaque mètre-carré de la surface libre du mur. C’est par la même méthode qu’ont été faites les expériences de M. Märker sur la perméabilité des matériaux de construction dont nous avons déjà parlé. Elles nous font mieux comprendre pourquoi le degré d’altération que l’air offre dans des circonstances données est le plus souvent fort éloigné de celui que les sources d’infection connues auraient dû produire dans un espace parfaitement clos ; résultat important, qu’il ne faut pas perdre de vue dans les calculs relatifs à la ventilation.


V

Quel est le volume d’air dont un homme a besoin pour respirer librement ? C’est là une question assez complexe, sur laquelle les hygiénistes ont beaucoup de peine à s’entendre. Il est clair que la réponse dépendra non-seulement des conditions extérieures qu’on aura en vue, mais encore de la limite de variation, ou tolérance, qu’on admettra pour la composition normale de l’air.

Prenons d’abord le cas le plus simple, celui du séjour dans un espace hermétiquement clos. Ici, le volume d’air disponible a pour mesure la capacité de l’enceinte ; « l’espace cubique » concédé à chaque habitant représente en même temps la quantité d’air dont il peut disposer. L’air s’altérant peu à peu, la dose d’acide carbonique finira par atteindre le chiffre de 0,001, que nous avons adopté comme limite admissible. Mais il est clair que le moment critique où se fera sentir le manque d’air arrivera d’autant plus vite que l’espace accordé sera moins grand ; on le retardera en augmentant la capacité de l’enceinte. Il s’ensuit que le volume d’air devra être