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En somme, la ventilation naturelle suffira le plus souvent pour empêcher l’air d’atteindre en quelques heures le degré d’altération que révèle une proportion de 3 ou 4 millièmes d’acide carbonique, pourvu que l’espace alloué ne soit point trop exigu. Il semble pourtant que 10 m. c, pour la durée de la nuit, représentent une limite inférieure trop faible. Leblanc voulait 50 m. c. par individu dans un dortoir ou autre enceinte fermée et dépourvue de moyens de ventilation.

Les règles admises en cette matière sont encore assez incertaines. L’ordonnance de 1788 prescrit de 42 à 14 m. c. d’air par nuit et par homme dans les casernes. On en demande maintenant 16 m. c. pour les casernes de France, 17 en Angleterre, 18 en Allemagne ; 20 dans un rapport du conseil de salubrité de Paris. La capacité moyenne par malade des salles d’hôpitaux est de 43 m. c. à Paris et de 42 à Londres[1]. Pour les salles d’école, on demande, en France, 4 m. c. par tête (1 mètre carré, avec une hauteur de 4 mètres) ; dans d’autres pays, on se contente d’un cubage encore plus faible[2]. Pour les garnis, l’ordonnance de 1878 exige 14 m. c. par personne ; on peut espérer qu’elle sera désormais respectée.

Il est vrai que la ventilation naturelle est souvent en défaut : « L’on croit généralement, dit M. Morin, qu’il suffit toujours d’ouvrir les fenêtres d’une vaste salle pour y produire le renouvellement complet de l’air, et un grand nombre de médecins pensent que, dans les hôpitaux, l’ouverture d’un certain nombre de fenêtres placées sur les deux faces opposées conduit à ce résultat. Cela n’est pas aussi exact qu’on le suppose, et l’été, quand le temps est calme et qu’il n’y a pas de vent, il arrive souvent que l’ouverture complète de cinq à six fenêtres opposées sur chaque face d’une grande salle de réunion, d’un hangar, d’une gare, d’un manège, ne détermine qu’un renouvellement très imparfait de l’air et n’empêche nullement une élévation anormale de la température. » C’est donc surtout dans les lieux destinés à recevoir un grand nombre de personnes : salles d’assemblées, amphithéâtres, salles de spectacle, hôpitaux, casernes, que la Ventilation artificielle doit intervenir d’une manière plus ou moins énergique. Le général Morin, qui s’était constitué, on peut le dire, l’apôtre de la ventilation, a rendu de très grands services par les efforts qu’il a faits pour procurer à nos palais, à nos théâtres, à nos écoles, à nos ateliers, un renouvellement d’air largement suffisant. Son Manuel pratique du chauffage et de la ventilation[3] contient à cet égard les indications les plus

  1. Bouchardat, Traité d’hygiène, pages 724, 1011, 1044.
  2. A. Riant, Hygiène scolaire. Paris, 1874.
  3. Paris, 1874 ; Hachette.