Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 58.djvu/442

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les contrées tropicales, la maison fût un réservoir de fraîcheur, comme, dans les pays du Nord, elle garde une provision de chaleur au cœur de l’hiver. Pour les enfans surtout, si difficiles à élever sous ces climats, il importerait de créer ainsi un milieu tonique, vivifiant. C’est la question que M. Dessoliers a tenté d’aborder de front dans le livre que j’ai déjà cité. Il y étudie avec soin les conditions de la réfrigération de l’air par des moyens très variés. Nous venons de voir comment l’air peut être rafraîchi par circulation souterraine. L’emploi de la glace et de la neige est aussi tout indiqué ; mais le moyen serait peut-être assez dispendieux. M. Dessoliers a imaginé une série d’autres procédés fondés les uns sur l’évaporation, les autres sur l’utilisation du froid nocturne. Pour les climats secs, il propose des cheminées d’évaporation, où l’air se refroidit en passant sur des toiles humectées ; pour les climats chauds et humides, il convient de construire des cloisons frigorifiques où circule de l’air refroidi par évaporation et desséché au moyen du chlorure de calcium. Enfin il serait possible d’emmagasiner en quelque sorte le froid nocturne pour la circulation naturelle qui s’établirait dans des murs doubles ; refroidis pendant la nuit par l’air frais du dehors, ils serviraient pendant le jour à rafraîchir l’air chaud avant son entrée dans les pièces habitées. M. Dessoliers entre dans tous les détails nécessaires sur la réalisation pratique de ces idées.

Sous nos climats tempérés, le but principal de la ventilation est le renouvellement de l’air vicié. La ventilation artificielle est produite soit par aspiration, au moyen de divers systèmes de cheminées d’appel, comme ceux qui fonctionnent à Charenton, à la Madeleine, soit par insufflation, au moyen de ventilateurs mécaniques. A l’hôpital Lariboisière, on a expérimenté le système de ventilation par appel de Duvoir à côté d’un ventilateur à force centrifuge de Thomas et Laurens, qui, mû par une machine à vapeur, aspire de l’air pris sur les toits et le pousse dans un tuyau dont les ramifications aboutissent aux salles à ventiler ; au moment où il entre dans les salles, cet air s’échauffe au contact des tuyaux de vapeur et des poêles à eau chauffés par la vapeur. Grâce à cette ventilation, l’atmosphère des salles est maintenue à une température toujours égale (15 degrés) et l’on n’y perçoit aucune odeur ; on peut donc admettre que l’air qu’on y respire est très pur. Malgré tout, la mortalité n’est pas inférieure à celle des hôpitaux non ventilés. M. Bouchardat pense que cela tient à une influence malencontreuse de cette chaleur douce qu’on s’efforce de maintenir, et il préfère le chauffage et la ventilation par de larges cheminées.

« Dans les hôpitaux de Londres, dit le savant hygiéniste, on donne