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en son honneur par Sperandio. Ne laissant pas d’enfant, Casella légua la plus grande partie de ses biens à l’hôpital de Sainte-Anne, que devait rendre célèbre le séjour du Tasse. Est-ce bien Casella qui revit dans la fresque du palais de Schifanoia ? Rien ne le prouve, mais cette hypothèse a quelque chose de séduisant et n’a rien d’invraisemblable, car les traits du voisin de Borso sont en parfait accord avec le noble caractère de ce personnage.

On sait au contraire à quoi s’en tenir sur celui qui, dans le premier compartiment, est placé au premier plan à la droite de Borso, et que l’on retrouve à côté du prince dans toutes les fresques suivantes. D’après la tradition, cet homme est Teofilo Calcagnini, le favori du souverain de Ferrare. Teofilo était un des quarante-quatre enfans de Francesco Calcagnini, qui, après avoir étudié avec Vittorino da Feltro, devint secrétaire du marquis de Mantoue Jean-François, et finit par se fixer à Ferrare, où Lionel et Borso lui confièrent des charges honorifiques et lucratives. La faveur du fils dépassa de beaucoup celle du père. En 1465, pendant la nuit de Noël, dans la cathédrale, Borso le fit chevalier de l’éperon d’or et maître de chambre. Aux titres s’ajoutèrent bientôt des donations considérables jusque sur les territoires d’Adria, de Ravenne, de Modène, de Reggio et dans la Romagne. Frédéric III, de son côté, le 1er février 1469, lui décerna le titre de comte du sacré palais et lui accorda le droit de nommer des notaires et de légitimer les bâtards, droit transmissible à ses descendans mâles. Borso ne pouvait se passer de Calcagnini, dont le dévoûment lui avait inspiré une amitié toute particulière. Celui-ci l’accompagna notamment en 1467 à Venise et en 1471 à Rome, où, à l’issue des cérémonies du jour de Pâques solennellement célébrées par Paul II, le marquis de Ferrare fut proclamé duc de Ferrare. Il eut aussi l’honneur d’être en correspondance avec Bembo. On est d’autant plus heureux de rencontrer son portrait sur les murs du palais de Schifanoia qu’il n’en existe ailleurs aucun autre.

Il n’en est pas de même pour Borso. Les portraits de ce prince furent nombreux et l’on peut vérifier sans peine l’exactitude de ceux qui se trouvent dans les fresques dont nous nous occupons. Quatre médailles signées et deux médailles anonymes reproduisent les traits du successeur de Lionel[1]. Celle d’Amadio da Milano n’est point datée, mais comme elle représente un homme d’environ trente ans[2], on peut supposer qu’elle fut exécutée entre 1443 et 1445. Celles de Jacopo Lixignolo, d’Antonio Marescotti et de Petrecini,

  1. Voyez M. Heiss, les Médailleurs travaillant à Ferrare au XVe siècle.
  2. Borso naquit le 24 août 1413.