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montré à la surface des eaux que des groupes d’îles d’étendue fort médiocre. Au commencement de la période tertiaire, c’était, pense-t-il, un continent qui joignait la Nouvelle-Calédonie à la Nouvelle-Zélande ; à la fin auraient été séparées les îles Auckland et les îles Chatham. La présence de grands oiseaux coureurs du même ordre que les casoars et les autruches conduit le savant de la colonie à rêver d’anciennes communications entre toutes les terres australes. Étrange idée, car les oiseaux coureurs habitant les différentes régions du monde appartiennent à des types absolument distincts. L’existence d’un ocydrome à l’île Howe et d’une autre espèce du même genre à la Nouvelle-Calédonie l’amène à supposer que c’est l’indice suffisant de l’union primitive des terres qu’habitent les oiseaux de ce groupe. M. Hutton, confondant sans cesse les identités spécifiques, les formes génériques et même les types de famille, en vient à imaginer des relations territoriales vraiment extraordinaires.

Bientôt après, le naturaliste anglais, M, Alfred Russell Wallace, dans un important ouvrage sur la distribution géographique des animaux[1], cite les archipels de Norfolk, de Kermadec et de Chatham comme des dépendances de la région néo-zélandaise. Il admet que ces terres, étant unies, formaient un continent ; l’époque est indéterminée. M. Wallace s’appuie, de même que M. Hutton, sur la présence d’oiseaux se rattachant à des types très caractérisés, en particulier les ocydromes ; on croit qu’une curieuse poule-sultane blanche, aujourd’hui éteinte à Norfolk, existe encore à l’île Howe[2]. La considération des vestiges de moas l’amène à concevoir l’idée que le démembrement de la grande terre australe s’est effectué à une date très ancienne, c’est-à-dire pendant la période secondaire, peut-être à un âge antérieur. A son avis, la rareté des plantes odoriférantes et la pauvreté de la faune entomologique indiqueraient un isolement dès un temps très reculé.

L’idée que la Nouvelle-Zélande actuelle est le débris d’une vaste terre s’est formée à la simple observation des aspects du pays ; elle s’est formée par l’examen de la constitution géologique et surtout par l’étude de la population animale. Néanmoins tout est demeuré à l’état de conception vague. Nos recherches sur la nature vivante nous conduisent à un résultat mieux assuré en faisant une pleine lumière sur les lacunes qui arrêtent encore sur certains points la démonstration complète. Nous pouvons affirmer que, dans l’âge moderne du monde, s’est effondré le continent austral dont la Nouvelle-Zélande et les petites îles adjacentes sont les vestiges. En présence de la végétation des îles Auckland, presque semblable à celle de

  1. The Geographical Distribution of Animals. London, 1874.
  2. Notornis alba.