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face, la figure d’un carré, parce que la hauteur dépasse peu la largeur, que le sommet est sensiblement aplati et que la direction de la mâchoire est horizontale, avec des yeux légèrement enfoncés, exactement sur la même ligne ; un nez presque droit, moins long que sa distance de la base au menton ; des lèvres minces ; des sourcils peu fournis et très rapprochés ; peu de barbe. On peut évaluer à 150,000 environ le nombre des sujets prussiens parlant soit le lithuanien seul, soit le lithuanien et l’allemand. Moins nombreux, les Wendes ou les Sorbes du Brandebourg et de la Lusace, également de race slave, ont subi à un degré plus avancé l’œuvre de la germanisation. Cette population fournit la ville de Berlin de nourrices, reconnaissables à leur costume original, comme les Alsaciennes à Paris. Elle occupait en 1860 environ 694 communes réparties sur une surface de 60 milles carrés, avec 122,400 habitans, non compris 13,300 individus, parlant wende, éparpillés dans les localités de langue allemande. Dans les localités non mêlées, dont neuf dixièmes au moins des habitans sont de langue wende, il y a au moins 70,000 individus de cette race demeurant, la moitié dans la haute, la moitié dans la Basse-Lusace.

Dans la Lusace supérieure, à cheval sur la frontière, entre les royaumes de Saxe et de Prusse, les Wendes, ou plutôt les habitans parlant le wende, représentent 16 pour 100 de la population totale. A une date encore assez récente, les communautés wendes s’étendaient bien au-delà de ces limites, du Bober jusqu’à l’Elster, de l’est à l’ouest, jusqu’au cercle de Teltow, dans le nord. Chacune des deux parties du domaine wende forme un carré. Le carré septentrional, situé dans la Basse-Lusace, a son noyau dans le cercle de Cutibus. Ses villes sont bien allemandes, mais les communes rurales restent pures de mélange au milieu de populations germanisées depuis longtemps. Dans l’intervalle des dénombremens de 1843 et de 1861, le nombre des individus au parler wende a diminué rapidement. Trois fois plus étendu, le carré sud, où règne l’idiome sorbe, comprend le cercle de Hagerswerda presque tout entier, la moitié du cercle de Rothenburg, ainsi que les cantons de Bautzen, de Konigswarte et de Weissenberg. Chose curieuse à noter, tandis que, dans le royaume de Prusse, le nombre des Weudes recensés diminue à chaque nouveau dénombrement, dans le royaume de Saxe, où la germanisation à outrance ne préoccupe pas le gouvernement au même degré, la statistique constate un accroissement considérable de la population sorbe. Au siècle dernier, il y avait encore des églises wendes dans les villes, et, sur 42 paroisses wendes rurales énumérées par Busching, 10 seulement reçoivent l’instruction religieuse en langue wende, 27 sont devenues mixtes et 5 n’entendent plus que des sermons en allemand.