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derniers chercheurs. Il y avait un problème travaillé par beaucoup de personnes, résolu théoriquement, et même pratiquement dans l’air calme, et la solution vient d’être étendue jusqu’au cas où la vitesse de l’air est de 5 mètres : elle s’arrête là. Il faudra, pour dominer une vitesse supérieure, de nouveaux travaux, une meilleure machine : mais l’auteur inconnu de ce progrès désiré et prochain n’effacera pas plus les succès de MM. Renard et Krebs, que ceux-ci les progrès qu’on doit à leurs prédécesseurs.


V

Un siècle a passé sur la découverte de Montgolfier, des milliers d’ascensions ont été osées, ont entretenu et fini par user la curiosité publique, et il faut bien reconnaître que les espérances du premier jour n’ont pas été réalisées. L’aéronautique est restée un amusement pour le plus grand nombre, un vulgaire métier pour quelques-uns ; mais l’humanité jusqu’à présent, n’a pas pu ou n’a pas voulu l’employer à ses besoins : à deux exceptions près, l’art de la guerre, dont nous avons dit un mot, et les observations scientifiques, dont nous allons parler. On est monté en ballon, et on a été aussi haut que possible dans le seul dessein de découvrir les mystères de ces hautes régions ; des mystères, il n’y en a pas, mais il y a la vie des élémens, dont nous dépendons.

Le premier point qui attire l’attention de l’aéronaute scientifique est de savoir à quelle hauteur il est à chaque moment : j’ai remarqué que le public comprend peu cette question. Je vais donc l’expliquer.

La calotte d’air qui enveloppe la terre est attirée, accumulée et maintenue par la pesanteur, et, de même que dans un tas de pavés ceux du bas portent le poids de ceux d’en haut, de même la couche d’air qui confine à la terre subit la pression des régions supérieures. On mesure cette pression par le baromètre ; c’est une sorte de balance formée par un tube de verre à deux branches séparées par du mercure : l’une est vide, l’autre ouverte dans l’air qui presse sur le mercure et le fait monter de l’autre côté jusqu’à ce qu’il fasse équilibre. La pression de l’air est donc mesurée par la hauteur du baromètre, et l’aéronaute reconnaît qu’il monte quand il voit le mercure baisser dans son tube, et qu’il descend quand il le voit s’élever. Grâce à une formule théorique donnée par Laplace, on mesure l’altitude du ballon à un moment donné par la hauteur du baromètre. Quand elle est de 0m,760, on est au niveau de la mer ; si elle est réduite à 0m,600, on se trouve à 2,000 mètres